
#Elections2025 : quand les réseaux sociaux deviennent des caisses de campagne 🇨🇲🗳️
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Alors que la course à la présidentielle bat son plein, un autre phénomène agite les réseaux sociaux et les groupes privés au Cameroun. Des collectes de fonds numériques se multiplient, lancées par des candidats, leurs équipes de campagne ou des mouvements citoyens. Une méthode moderne de financement politique, mais aussi un terrain glissant où se mêlent engagement sincère, stratégie digitale et méfiance généralisée.
Entre soutien politique et adhésion populaire 🗳️
Depuis la convocation du corps électoral et le dépôt des candidatures, les appels aux dons en ligne se sont intensifiés. Certains candidats jouent la carte de la transparence en publiant des liens vers des plateformes bien connues. Des comptes Mobile Money et bancaires sont devenus des outils incontournables pour mobiliser le soutien financier de leurs partisans. Sur les réseaux, on retrouve des affiches avec les portraits des candidats, leur nom, leur parti et les coordonnées bancaires associées.
Pour les initiateurs, l’objectif est clair : associer les citoyens au projet politique dès la campagne, en leur donnant la possibilité de contribuer selon leurs moyens.
« Nous voulons une campagne participative. Chaque don, même modeste, prouve que le peuple soutient notre projet. C’est d’ailleurs sur le peuple qu’on compte », assure Serge, membre d’un comité local de soutien à un candidat.
Des montants symboliques aux appels massifs 💸
Si certains se contentent d’appels à la générosité spontanée pour financer des meetings ou des affiches, d’autres visent des objectifs bien plus ambitieux. Certaines cagnottes en ligne affichent des montants dépassant le million de francs CFA. Des jeunes ont même réussi à mobiliser jusqu’à 40 millions en soutien à un candidat à la présidentielle.
« Il y a beaucoup de générosité en ligne. Quand on soutient quelqu’un, on le fait en ayant espoir qu’il va probablement gagner ou apporter le changement qu’on souhaite voir. C’est surtout le sentiment d’avoir contribué à la vie politique de son pays qui compte », explique Jean, politicien.
Les réseaux sociaux sont inondés de visuels, de vidéos et de messages invitant chacun à verser sa “part” pour la victoire. Le tout accompagné de discours mobilisateurs, jouant souvent sur l’appartenance ethnique, politique ou générationnelle.
La méfiance plane sur les cagnottes 🤨
Malgré cet engouement, de nombreux Camerounais restent prudents. Les précédentes arnaques déguisées en collectes ont laissé des traces.
« On a vu trop de gens disparaître avec l’argent des dons. Même pour les funérailles, on se méfie maintenant, alors pour la politique… », lâche Junior, Cadre d’entreprise.
Sous les publications appelant au soutien, les commentaires sont partagés. Certains s’engagent publiquement, d’autres questionnent l’usage des fonds ou dénoncent un système opaque.
« C’est toujours ainsi quand il veulent battre campagne. Ils viennent et demandent de l’argent dont on ne voit pas le fruit. Ils ne nous rendent d’ailleurs jamais des comptes. Ils ont vu qu’avec internet ils peuvent mobiliser des gens à travers le monde et ils ont saisi cette occasion. Moi de toutes les façons je suis septique », se méfie Jules, étudiant en sciences politiques.
Une mode importée ou un réel outil d’engagement ? 🌍
Ce recours au financement participatif n’est pas inédit sur le continent. Au Nigeria ou au Ghana, des candidats ont levé des millions grâce à leurs communautés en ligne. Au Cameroun, la pratique reste jeune, suscite autant d’intérêt que de suspicion.
« Nous le savons tous, le numérique aujourd’hui offre la possibilité d’aller au-delà de nos frontières. Les Camerounais sont dans le monde entier et pour cela ils veulent participer à la construction de leur pays. Si un candidat qu’ils soutiennent lance un appel de fonds, forcément s’ils ont les moyens ils vont y participer. De plus en plus de pays utilisent cette méthode et ça marche », s’éveille Thomas, journaliste.
Pour les partisans des cagnottes politiques, c’est un moyen de rompre avec la vieille tradition des financements opaques ou des campagnes sponsorisées uniquement par de grands mécènes. Pour les sceptiques, cela reste un effet de mode que certains utilisent pour combler des caisses personnelles ou donner l’illusion d’un soutien populaire.
Des plateformes encore peu encadrées ⚖️
Le secteur reste largement informel. Beaucoup préfèrent utiliser les transferts directs via Mobile Money ou des cagnottes spontanées, échappant ainsi à tout contrôle. Selon un économiste interrogé, cette absence de régulation claire favorise les dérives et limite la confiance des contributeurs. Ceux-ci se font souvent arnaquer par des personnes qui se font passer pour des candidats.
« Il faudrait que des plateformes certifiées soient utilisées. Les candidats doivent également prévoir des comptes rendus publics sur l’usage des fonds. Cela crédibiliserait la démarche et renforcerait la participation citoyenne. Beaucoup de faux se passe et on ne s’en rend compte que très tard », affirme-t-il.
Un miroir d’aspirations politiques 🪞
Ces levées de fonds en ligne traduisent une volonté nouvelle de certains Camerounais de s’impliquer autrement dans la vie politique. Elles révèlent aussi une inventivité face aux obstacles traditionnels de financement.
Mais elles exposent aussi la lassitude d’une partie de la population, échaudée par les détournements et les promesses non tenues. En attendant, entre mobilisation sincère, coup de com’ et pur opportunisme, les cagnottes numériques s’imposent comme une facette incontournable d’une campagne électorale où le virtuel s’invite de plus en plus dans le réel.
Reste à savoir si, au-delà des montants récoltés, ces contributions ouvriront la voie à une nouvelle forme d’engagement politique ou si elles finiront, comme bien d’autres modes, par sombrer dans la méfiance généralisée.
À vos avis !!!
Et vous, seriez-vous prêt(e) à contribuer financièrement à une campagne politique via les réseaux sociaux ? Pourquoi ou pourquoi pas ?
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