Quand Paul Biya twitte : entre stratégie numérique et scepticisme populaire 📱

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Depuis le 1er avril 2025, le président Paul Biya aligne une série de publications sur ses pages Facebook et X (anciennement Twitter). Cette multiplication des posts suscite des réactions diverses parmi les Camerounais, dans un contexte pré-électoral tendu. Si certains saluent cette stratégie de communication, d’autres restent sceptiques, voire critiques.

Un moyen de rapprocher le président des Camerounais 🤝

Pour de nombreux Camerounais, cette présence accrue sur les réseaux sociaux incarne une forme de modernisation. Elle permettrait de rapprocher le président de la population, notamment des jeunes très actifs sur ces plateformes. Le président semble ainsi s’adresser à une jeunesse connectée, souvent éloignée des médias traditionnels.

« C’est une très bonne chose que le président s’implique davantage sur les réseaux sociaux. Cela nous permet de mieux suivre son action et de sentir qu’il est plus proche de nous, surtout pour nous, les jeunes qui utilisons quotidiennement Facebook et Twitter. Ne nous mentons pas la jeunesse est cruciale pour lui en cette période électorale », confie Jean-Pierre, un jeune cadre.

Une communication moderne et calibrée 📡

Pour d’autres, il s’agit d’un outil efficace pour atteindre un public plus large. Ce qui surprend, c’est le changement de ton et de format. D’un président souvent silencieux hors des grandes occasions, les internautes découvrent aujourd’hui une parole stylisée, visuellement travaillée. Typographie nette, fond bleu républicain, photo sérieuse, ton solennel : chaque publication obéit à des codes précis.

Les messages du président, diffusés uniquement sous forme de visuels, véhiculent des appels à l’unité, à la paix ou à l’effort collectif. Chaque jour, une nouvelle affiche est publiée, avec un message succinct, parfois en blanc ou en noir, sur un fond graphique standardisé mais variable.

Pour Sophie, infographe : « Les réseaux sociaux sont désormais un terrain incontournable pour toute communication moderne. Si le président utilise bien cette plateforme, il peut toucher beaucoup plus de personnes. Celles qui ne regardent plus la télévision ou n’écoutent pas la radio peuvent facilement partager ces visuels. La preuve est que des commentaires abondent sur ces publications ».

Scepticisme et réserves sur l’authenticité des messages 🤔

Cependant, une partie de la population reste dubitative. Certains doutent que le président soit réellement à l’origine de ces publications. Jean Emmanuel Ateba, une figure publique, invité de l’émission “Géopolis“ sur Equinoxe Tv a par exemple soulevé la question de l’authenticité des contenus. Le politicien suggère que Paul Biya pourrait ne pas en être le véritable auteur.

«Paul Biya n’est même pas au courant de ce qui est écrit sur ses réseaux sociaux. Je peux parier parce que si vous lisez les commentaires qui sont sous les pensées-là, les commentaires des Camerounais. Je suis sûr qu’il aurait demandé qu’on arrête ces publications, s’il les lisait. Les commentaires sont à 95% négatifs. Je suis sûr que Paul Biya n’est même pas au courant de l’existence de cette page Facebook. Il ne sait même pas ce qui y est écrit », estime-t-il.

Comparaison avec d’autres leaders politiques ⚖️

La stratégie numérique du président est souvent comparée à celle d’opposants comme Maurice Kamto. La communication du président du MRC est perçue comme plus spontanée et interactive. Certains estiment que Paul Biya tente de rattraper ce retard, mais rappellent que la présence numérique ne peut remplacer l’action sur le terrain.

« On voit bien que la stratégie numérique de Biya ressemble à celle de Kamto. Mais cela ne change rien à la réalité de notre pays. Si l’on veut vraiment que les choses changent, il faut plus que des publications sur les réseaux sociaux. C’est parce que nous tirons vers la période électorale qu’il sort ainsi. C’est son droit, il faut être assez stupide pour ne pas voir que c’est la campagne politique qui a débute ainsi », critique Fabrice, étudiant en sciences politiques.

Une stratégie basée sur les codes du marketing politique 📊

La stratégie actuelle du président Paul Biya illustre une tendance mondiale avec l’utilisation intensive des réseaux sociaux comme levier de communication politique. En période électorale, ces plateformes deviennent des espaces de narration, où chaque visuel participe à la construction d’un récit présidentiel. Messages courts, esthétique uniforme, fréquence élevée : les codes du storytelling visuel sont mobilisés pour façonner une image rassurante et maîtrisée.

Derrière cette mécanique se cache une véritable logique de marketing politique. L’équipe en charge applique une charte graphique claire, bâtit un calendrier éditorial précis et vise une cible bien identifiée, notamment la jeunesse connectée. Chaque visuel, chaque mot, chaque couleur est calibré pour être immédiatement identifiable dans le flux algorithmique des réseaux comme Facebook ou X.

Une communication pensée pour l’algorithme mais pas sans limites ⚠️

Conçus pour séduire les algorithmes, ces messages sont aussi pensés pour viraliser. L’objectif est d’occuper le terrain numérique, de générer des partages et d’imposer une omniprésence médiatique. Mais cette stratégie, bien que moderne, atteint vite ses limites. Les internautes, désormais habitués aux formats digitaux, repèrent les narrations trop polies, les publications trop lisses. La méfiance grandit lorsque le ton paraît déconnecté de la réalité vécue par les citoyens.

À cela s’ajoutent les risques inhérents à toute communication numérique. Désinformation, manipulation de l’opinion, effets de bulle, polarisation… Comme susmentionné pour le cas présent, certains observateurs doutent même que le président soit l’auteur réel de ces messages. Ce qui alimente l’idée d’une communication unidirectionnelle, sans échange véritable avec la population. Cependant, les relais naissent, les visuels sont modifiables et le discours détourné.

Des interrogations persistantes 📝

Au final, cette stratégie de communication numérique ne laisse personne indifférent. Elle soulève à la fois de l’intérêt, des attentes et des doutes. Elle reflète surtout une volonté de s’adapter aux nouvelles dynamiques médiatiques, même si l’impact réel reste encore à mesurer.

À l’heure où beaucoup s’interrogent sur sa succession ou sur le rôle qu’il compte encore jouer, ces publications ressemblent à une réponse silencieuse : « Je vois, je pense, je décide, je reste. »

À vos avis !!!
Croyez-vous que le président Paul Biya est la tête pensante derrière ces publications sur ses réseaux sociaux ? Pensez-vous que cela peut changer son lien avec la population ? Dites nous en commentaires