Les Partis en buzz : quand la politique camerounaise se réinvente sur les réseaux 🇨🇲🗳️

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Alors que la course à la présidentielle de 2025 s’intensifie, le Cameroun assiste à une campagne pas comme les autres. Du phénomène Issa Tchiroma à la vague orange de Cabral Libii, en passant par les méga-meetings de l’opposition, les mobilisations s’enchaînent sur le terrain.
Mais une autre bataille, plus discrète et inattendue, se joue désormais en ligne.

Depuis quelques semaines, le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) multiplie les vidéos courtes et rythmées. Finies les longues déclarations officielles : place à une communication plus visuelle, plus légère et surtout plus connectée. Une approche inspirée des codes du web, qui semble trouver un écho particulier auprès des jeunes internautes.

Une communication plus pop que politique🎵

La figure du moment s’appelle Germaine La Douce. Sa chanson « Je m’envolerai pour voter Popol » est devenue virale, dépassant les 350 000 vues sur TikTok, 70 000 sur Facebook Reels et près de 20 000 partages en deux semaines.

Le refrain, repris dans des challenges et remixé par des influenceurs, a cumulé plus de 800 000 vues au total. Il ne se passe plus un jour sans qu’on tombe dessus en scrollant. Des internautes ajoutent danses, filtres humoristiques et effets visuels, transformant le message politique en phénomène culturel.

Pour Chantal, 23 ans, étudiante à Yaoundé, cette approche change la perception du parti :

« Avant, je ne regardais jamais les vidéos du RDPC, ni d’aucun autre parti. Maintenant, c’est plus divertissant. Même si je ne suis pas forcément d’accord, j’y tombe à chaque fois et, à force de le voir sur mon fil d’actualité, j’ai envie de suivre. »

Une communication plus jeune, plus détendue, qui intègre le parti au pouvoir dans la culture numérique quotidienne. Même si, à l’origine, l’intention n’était pas forcément digitale, la viralité des extraits partagés a considérablement amplifié leur portée.

Le “chocolat Paul Biya” et la vague des hashtags 🍫

Autre séquence devenue virale : celle de Céleste Victorien, un influenceur camerounais installé au Canada. Dans cette vidéo, il évoque le « chocolat Paul Biya » sur un ton humoristique et décalé. Résultat : plus de 500 000 vues cumulées en quelques heures sur les différentes plateformes. La vidéo circule à une vitesse difficile à contrôler.

De Douala à Ebolowa, les hashtags #Popol2025, #Biya2025, #WinBiya2025 et #ChocolatPaulBiya s’affichent partout — en stories Instagram, statuts Facebook, montages TikTok et même sur WhatsApp.
Des jeunes, pas forcément militants mais en quête de visibilité, reprennent ces contenus à leur manière : selfies, citations ou extraits remixés.

« Les partis ont compris que la politique ne se joue plus seulement sur les estrades. Aujourd’hui, c’est sur TikTok, dans les commentaires et les partages que se construisent les opinions », explique Arnaud, community manager.

Même les gadgets, souvent plus originaux que par le passé, trouvent leur popularité en ligne. Pour les experts, cette présence numérique offre une nouvelle vitrine aux formations politiques, tout en rendant leurs messages plus accessibles.

Une stratégie bien calculée… mais pas unique 🎯

Derrière ce tournant digital, une véritable stratégie de communication semble se dessiner. Le RDPC s’appuie sur des influenceurs et créateurs de contenu pour relayer ses messages. Plutôt que de parler directement politique, le parti préfère s’inviter dans les conversations quotidiennes — là où les citoyens rient, commentent et partagent.

Mais il n’est pas seul à explorer ce terrain. Le PCRN et le FSNC, par exemple, multiplient eux aussi les formats numériques destinées à mobiliser leur base jeune. Ces initiatives traduisent un mouvement plus large de digitalisation de la politique camerounaise.

Selon Aline Mvondo, spécialiste en communication politique :

« Les jeunes Camerounais se méfient du discours politique classique. Les partis cherchent désormais à se fondre dans leurs codes. Ils utilisent l’humour, la musique, l’authenticité. C’est une manière de rendre la politique plus “consommable”. »

Cette évolution reflète une adaptation à l’air du temps. En 2025, plus de 60 % des internautes camerounais ont moins de 35 ans, et la majorité accède à l’information via le téléphone mobile. Chaque publication peut désormais toucher des milliers de personnes, bien au-delà des frontières.

Des vues… aux votes ? 🗳️

Malgré tout, des préoccupations demeurent. Beaucoup se demandent si ces vues, ces likes et ces partages se traduiront en votes réels lors du scrutin. Pour Martin, étudiant en sciences politiques, la prudence s’impose :

« C’est bien d’être populaire sur Internet, mais les réseaux sociaux ne reflètent pas forcément la réalité des urnes. Ce n’est pas sûr que tout le monde qui voit et partage soit inscrit sur les listes électorales. Il faut se le dire, l’engagement numérique ne garantit pas la participation électorale»

D’autres observateurs soulignent également les risques de désinformation ou de communication superficielle, dans un contexte où la viralité prime souvent sur le fond. Cependant, le terrain numérique est désormais aussi stratégique que les meetings physiques. Les réseaux sociaux deviennent des outils incontournables d’influence et de mobilisation.

Une nouvelle ère de la communication politique 🌐

En s’appropriant les codes du web, les partis politiques camerounais ouvrent une nouvelle page de la communication politique au Cameroun. Les vidéos rythmées remplacent les affiches, les influenceurs deviennent les nouveaux porte-voix, et la politique s’invite dans les “trends”.

Reste à savoir si cette transformation digitale n’est qu’un effet de mode ou le début d’un vrai renouveau dans la manière de faire campagne au Cameroun. Car c’est peut-être là, sur l’écran d’un téléphone, que se jouera une partie de la présidentielle 2025.

👉🏾 Et vous ? Pensez-vous que les campagnes politiques sur les réseaux sociaux influenceront réellement les résultats de la présidentielle 2025 au Cameroun ? Dites-le-nous en commentaires.