
Le téléphone fixe au Cameroun : quand la tonalité devient silence ☎️💔
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Pendant longtemps, le téléphone fixe était au Cameroun un signe de prestige, un outil de communication indispensable dans les foyers, les administrations et les entreprises. Aujourd’hui, dans certains couloirs poussiéreux des ministères, un combiné repose encore sur une table en bois, branché à une prise qui n’émet presque plus rien. Parfois, il sonne dans quelques rares bureaux, mais le plus souvent, il reste muet, témoin d’un âge révolu.
Quand décrocher relevait du privilège 📞
Il y a trente ans, décrocher le combiné était un privilège. Les familles qui possédaient une ligne en faisaient un signe extérieur de réussite. Le téléphone trônait dans le salon comme un meuble sacré. On parlait à voix basse, on notait soigneusement les numéros dans un carnet, et souvent, les voisins venaient supplier pour « passer un appel ». Ce n’était pas qu’un appareil, c’était un rituel, un lien rare avec le monde extérieur.
« Dans les années 90, avoir un téléphone fixe, c’était comme avoir une Mercedes. On savait que la maison était connectée au monde. Aujourd’hui, c’est l’inverse : quand tu vois un fixe, tu te dis que la maison est restée bloquée dans le passé. Pourtant ceux qui l’avaient à l’époque c’était des nantis », explique Jean-Benoît, sexagénaire.
Aujourd’hui, dans les foyers, ce souvenir n’existe presque plus. Les jeunes générations n’ont jamais entendu la tonalité d’un fixe. Leurs premières sonneries ont été celles des portables chinois à double SIM, puis des smartphones connectés à WhatsApp.
« Nous, on n’a jamais utilisé le fixe. On a grandi avec le portable, puis les réseaux sociaux. Le fixe, c’est pour les films ou les vieilles photos. C’est un symbole d’une autre époque, pas de la nôtre », confie Kevin, étudiant en informatique.
Les fantômes de quelques bureaux 🏢
Dans les banques, les assurances, certains ministères, les téléphones fixes trônent encore sur les bureaux. Ils sonnent parfois, mais pas toujours. Ils ressemblent à des fantômes d’un autre âge, que personne n’ose vraiment débrancher.
« On garde la ligne parce qu’un numéro fixe rassure les clients. Mais en réalité, toutes nos conversations passent par WhatsApp. Les conversations passent plus d’un secrétariat à un autre dans des grandes entreprises. En dehors de ça, on s’envoie des textos et quand c’est urgent on lance l’appel de nos smartphones », confie un agent d’assurance.
Le fixe n’est plus qu’une façade, une illusion de stabilité. La vraie vie des communications se déroule désormais sur les portables, les réseaux sociaux et les applications.
« Entre payer une ligne fixe et acheter des unités pour appeler avec mon smartphone, le choix est vite fait. Le fixe ne sert plus à rien, surtout avec les applications gratuites. », se désole Marie-Claire, commerçante.
Une transition brutale ⚡
L’histoire du fixe au Cameroun n’est pas celle d’un déclin progressif, mais d’une rupture. Le pays est passé de la pénurie à l’explosion. Dans les années 1990, obtenir une ligne nécessitait des démarches interminables. Puis, au début des années 2000, les cartes SIM se vendaient à chaque carrefour. Le Cameroun a sauté directement dans l’ère mobile, brûlant l’étape du téléphone domestique. Beaucoup ont grandi sans jamais voir à quoi cela ressemblait.
« Chez moi, je n’ai jamais vu de téléphone fixe. Pour moi, ça n’existe que dans les films français et sur internet », raconte Sophie, élève.
Cette phrase résume le fossé générationnel. Là où certains se rappellent la fierté d’un premier appel sur un combiné beige, d’autres n’ont aucune mémoire de cette époque.
« Quand j’entends la sonnerie d’un téléphone fixe, ça me ramène à mon enfance. C’était une fierté d’avoir ça à la maison. On l’exhibait comme un meuble précieux. Aujourd’hui, même mes enfants n’ont jamais tenu un combiné. » se rappelle Aristide Ngono, enseignant à la retraite.
Le silence d’un symbole 🔇
Il reste pourtant ces sonneries incongrues, parfois, dans les bureaux de l’État. Des trilles métalliques qui paraissent étrangers au brouhaha des notifications WhatsApp et des appels Messenger. Quand un fixe sonne, c’est presque un choc. Comme si une voix venue du passé traversait le temps.
« Le problème du fixe, c’est qu’il t’attache à un lieu. Alors qu’au Cameroun, on bouge beaucoup : du quartier à la ville, du village à la capitale. Le portable correspond mieux à notre mode de vie », explique Patrice, taximan.
Mais ce son est rare, fragile, voué à s’éteindre. Le téléphone fixe au Cameroun n’est plus une nécessité, seulement une relique. Il est mort, mais il n’a pas encore disparu.
Un vestige en sursis ⏳
Le téléphone fixe au Cameroun raconte plus qu’une histoire technologique : il est le miroir d’un pays qui a sauté d’une ère à une autre sans transition. Il symbolise la lenteur d’un système dépassé, avalé par la brutalité du numérique mobile. Dans les foyers, il n’existe plus, mais dans certains bureaux, il survit.
Il fut autrefois le fil qui reliait les familles au monde. Aujourd’hui, il n’est plus qu’une tonalité muette, un fantôme accroché aux murs ou aux tables, attendant qu’on l’arrache. Le fixe n’a pas disparu : il s’est éteint, et son silence raconte à lui seul la vitesse avec laquelle le Cameroun a basculé dans l’ère du tout-digital.
Et vous ?
Avez-vous déjà utilisé un téléphone fixe ou en gardez-vous un souvenir particulier ? Dites nous en commentaires☺️
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