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Familles connectées : quand les écrans redéfinissent l’éducation au Cameroun 🇨🇲📱

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Il fut un temps où l’autorité parentale se mesurait à la sévérité des regards, aux règles imposées dans la maison et aux corrections données dans la cour. Aujourd’hui, elle se joue aussi derrière les écrans lumineux des téléphones. Entre devoirs interrompus par TikTok, conversations nocturnes sur WhatsApp et secrets enfouis dans les paramètres de confidentialité, le numérique s’est invité dans l’éducation des enfants camerounais. Et il bouleverse profondément les équilibres familiaux.

WhatsApp, le terrain des secrets adolescents 🔒

Assise sur un banc public dans la ville de Yaoundé, Mireille, mère de deux adolescents, raconte sa lutte quotidienne :

« Mon fils passe des heures enfermé dans sa chambre, son téléphone à la main. Quand je lui demande avec qui il parle, il répond toujours : “Avec les amis”. Mais un jour, en fouillant, j’ai découvert des groupes WhatsApp où circulaient des vidéos choquantes. Depuis, je ne dors plus tranquille. »

Des histoires comme celle de Mireille se multiplient. Les groupes privés deviennent de véritables laboratoires sociaux, échappant totalement au regard des adultes. Chaque écran verrouillé devient suspect, chaque rire étouffé derrière un téléphone alimente l’inquiétude des parents, souvent démunis face à cette nouvelle réalité.

Facebook, la vitrine de la vie familiale 📸

Sur Facebook, ce ne sont pas seulement les enfants qui s’exposent : les parents aussi. Résultats scolaires publiés, vidéos d’anniversaires, déclarations d’affection… La plateforme est devenue un miroir social.

« Ma fille de 12 ans m’a demandé pourquoi je ne mets pas ses photos sur Facebook comme ses camarades. Elle avait l’impression que je ne l’aimais pas assez. J’ai compris que même l’amour parental se mesure maintenant en likes », raconte Jean-Benoît, instituteur.

Cette logique de comparaison pèse sur les enfants, qui finissent parfois par vivre pour l’œil de la caméra plutôt que pour eux-mêmes. L’intimité familiale se dilue dans une quête permanente de validation sociale.

Entre tentation et célébrité précoce sur TikTok🎵

Avec ses danses, ses “challenges” et ses filtres attrayants, TikTok séduit massivement les adolescents. Derrière l’apparente innocence, se cache une course à la popularité qui inquiète de nombreux parents. Certaines adolescentes s’y affichent dans des tenues jugées inappropriées, parfois même en uniforme scolaire.

« J’ai posté une vidéo de danse et j’ai eu 20 000 vues. Dans la rue, des camarades m’ont reconnue. TikTok me donne une valeur que mes parents ne comprennent pas. C’est la tendance, la popularité. Je ne rate aucun challenge quand j’ai mon téléphone », confie Clarisse, lycéenne à Yaoundé.

Mais cette reconnaissance digitale expose aussi les jeunes à des risques : harcèlement, prédateurs en ligne ou pressions psychologiques. Certains parents choisissent d’interdire l’application, mais se heurtent alors à des crises d’autorité.

Entre contrôle et confiance ⚖️

Face à ces bouleversements, les familles se retrouvent devant un dilemme : surveiller les enfants pour les protéger ou préserver la confiance au risque de les laisser s’exposer.

« J’ai installé une application de suivi sur le téléphone de mon fils. Je voulais savoir où il est et avec qui il parle. Mais quand il l’a découvert, il l’a désinstallée. Un jour, il m’a dit : “Papa, tu ne me fais pas confiance” », raconte Samuel, informaticien et père de famille.

Les psychologues rappellent que la clé n’est pas dans la surveillance systématique, mais dans le dialogue, l’éducation et l’instauration de règles claires. Car le numérique fait désormais partie intégrante de la vie des enfants.

Ils ont dit 🗣️

Sur le sujet, d’autres parents, adolescents et jeunes adultes se confient. Leurs voix reflètent les tensions, les espoirs mais aussi les contradictions d’une société connectée où chaque génération cherche son équilibre.

Clarisse, 42 ans et mère de trois adolescents, explique :
« Je préfère que mes enfants me montrent ce qu’ils font sur leur téléphone plutôt que de fouiller derrière eux. Mais parfois, la curiosité prend le dessus… ».

De son côté, Kevin, 17 ans, lycéen, nuance :
« Mes parents veulent savoir tout ce que je fais sur WhatsApp. Pourtant, tout n’est pas mauvais. C’est aussi là que j’apprends, que je parle à mes amis, que je me détends. »

Patrice, fonctionnaire, exprime ses craintes :
« Avec TikTok, ma fille de 14 ans est devenue accro à la danse et aux challenges. C’est amusant, mais j’ai peur qu’elle tombe sur des contenus qui ne sont pas de son âge. »

Mireille, 19 ans, étudiante en communication, pointe une contradiction :
« Les parents nous surveillent, mais eux-mêmes passent leur temps sur Facebook à poster des photos. Parfois, c’est eux qui oublient de décrocher. »

Enfin, Jean-Baptiste, entrepreneur, partage une solution familiale :
« Dans ma famille, on a fixé une règle : pas de téléphone à table. Cela a sauvé nos discussions, sinon chacun restait enfermé dans son écran. »

Un miroir des tensions sociales 🔍

Le numérique dans la parentalité n’est en réalité que le reflet de tensions plus larges : rapport à l’autorité, quête de liberté ou besoin de reconnaissance.

Certaines familles choisissent d’imposer des garde-fous :

  • pas de téléphone avant un certain âge ;
  • confiscation des appareils pendant les cours ;
  • temps d’écran limité ;
  • discussions régulières sur les dangers d’Internet ;
  • multiplication d’activités hors ligne pour renforcer les liens.

Entre générations et algorithmes 🤖

Les écrans se sont installés dans nos foyers sans demander la permission. Ils rythment désormais les repas, les devoirs et parfois même les silences. Le numérique n’est pas seulement une révolution technologique : il est devenu un nouveau membre de la famille, invisible mais omniprésent.

Dans ce Cameroun connecté, les parents ne se battent plus seulement pour nourrir, instruire ou protéger leurs enfants. Ils doivent aussi préserver ce qui est le plus fragile : la confiance et l’amour. Un simple message dans un groupe WhatsApp peut parfois blesser plus qu’une dispute criée dans la cour. Une vidéo TikTok peut flatter l’ego d’un adolescent tout en l’exposant aux regards les plus cruels. Et un “like” peut désormais redéfinir le sentiment d’être aimé.

Au fond, il ne s’agit pas de bannir les écrans ni de s’y soumettre totalement. Il s’agit d’inventer une nouvelle parentalité, faite d’écoute, de vigilance et de tendresse, dans un monde où chaque clic peut rapprocher ou séparer.

La vraie épreuve du numérique n’est pas technologique. Elle est humaine. Elle réside dans la capacité des familles camerounaises à rester unies face à un monde virtuel qui, parfois, éloigne ceux qui vivent sous le même toit.

 

👉🏾 Et vous, pensez-vous que les écrans rapprochent ou éloignent les familles d’aujourd’hui ?


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