
Numérique au Cameroun : l’espoir d’une génération… freinée par les infrastructures 📱💼
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Le Cameroun vit une transformation silencieuse. Pendant que les infrastructures peinent à suivre et que les connexions continuent d’agacer les utilisateurs, le numérique s’impose comme l’un des rares secteurs capables d’absorber une partie du chômage massif des jeunes. Le pays compte déjà 25 000 emplois directs créés en 2024 grâce au digital selon les estimations, et projette près de 200 000 autres à condition que l’investissement et la formation suivent. Derrière ces courbes prometteuses, une multitude de trajectoires humaines révèlent une révolution sociale en cours.
Un secteur devenu incontournable 🚀
Le numérique camerounais n’est plus seulement l’affaire des opérateurs. D’un côté, les incubateurs se multiplient, les petites agences digitales se développent et les studios créatifs s’installent dans les quartiers. De l’autre, les fintech dynamisent les transactions et la cybersécurité devient un enjeu national.
« J’ai réalisé que si je ne me formais pas, j’allais rester au chômage comme beaucoup de mes camarades. Le digital, c’est devenu la seule voie qui avance plus vite que l’administration », raconte Chantale, 25 ans, aujourd’hui data analyste.
Pour de nombreux jeunes, le numérique n’est plus une option mais un refuge économique face à un marché classique saturé. Les entreprises recrutent désormais des rédacteurs web, techniciens cloud, designers, social media managers, monteurs vidéo, développeurs ou spécialistes en IA. Ces métiers, quasi inexistants il y a cinq ans, prennent aujourd’hui le dessus là où les longues études et les diplômes linéaires ont échoué.
Des métiers nouveaux qui redéfinissent les aspirations 💼
Le marché camerounais absorbe surtout quatre pôles de compétences :
- développement informatique,
- création de contenu,
- data,
- métiers de support numérique (community management, e-commerce, modération).
« J’ai abandonné mon Master 2 pour devenir développeur mobile. J’ai trouvé un stage payé après un mois de formation en ligne. Je ne regrette rien même si ça ne paie pas encore comme je le souhaite. Le digital m’a donné ce que l’université ne m’a jamais offert : une opportunité immédiate », confie Wilfried.
Du côté créatif, le mouvement est encore plus visible. Des milliers de jeunes travaillent à leur compte depuis leurs smartphones. Ils sont designers, monteurs audio et vidéo, responsables de publications numériques, relecteurs, consultants, etc.
« Je fais du montage vidéo et du motion design pour des influenceurs au Cameroun, au Togo et en Côte d’Ivoire. J’ai appris toute seule sur TikTok et YouTube. Au début je n’avais aucun diplôme, juste la volonté, puis j’ai suivi des certifications numériques », explique Sally.
L’auto-formation au cœur de la révolution 📚
Face au manque de formations universitaires adaptées, surtout après un cursus débouchant souvent sur le chômage, l’auto-formation s’impose. Les jeunes apprennent à coder, à utiliser l’IA générative, à concevoir des interfaces ou à produire des vidéos professionnelles… depuis leurs chambres.
« J’ai construit ma carrière avec un téléphone et 1 Go de data par jour. Je gagne maintenant mieux que certains cadres parce que j’ai trouvé des clients plutôt intéressants. C’est un processus mais le numérique ne ment pas », affirme Boris, créateur de contenu 3D.
Le numérique apparaît ainsi comme l’un des rares milieux où les barrières sociales et éducatives se réduisent. Ce qui compte, c’est la compétence et la capacité à se réinventer en continu. Avec 100 Mo, plusieurs jeunes se forment, se perfectionnent et, quelques années plus tard, vendent leurs services à prix élevé après cette phase de « recyclage ».
Un écosystème fragilisé ⚠️
Derrière cet essor, la réalité technique reste problématique. La qualité du réseau, le coût de l’Internet, les pannes et la lenteur des services créent un paradoxe : le secteur est en pleine croissance mais étouffé à la source.
« Je travaille la nuit parce qu’entre minuit et 5 h du matin, le réseau est moins catastrophique. Le jour, un simple upload de 20 Mo peut prendre 30 minutes. Comment être compétitif dans ces conditions ? On s’adapte simplement », explique Loïc, développeur free-lance.
Même son de cloche pour les studios digitaux.
« Les clients veulent des fichiers lourds, mais avec la connexion qu’on a, chaque projet devient un marathon. Il faut faire preuve de beaucoup de patience pour s’en sortir », déplore Vanessa, graphiste.
Les start-up tech perdent parfois des contrats simplement parce qu’une visioconférence coupe. D’autres échouent parce qu’un paiement digital plante en pleine transaction.
Le numérique comme rempart contre le chômage 💪🏾
Malgré ces contraintes, une partie de la jeunesse voit dans le digital une liberté nouvelle. Pour certains, c’est même une porte de sortie définitive du système socio-économique traditionnel.
« Je n’ai plus besoin de chercher du travail, je me crée mon travail. Je vends des articles sur WhatsApp, Facebook Marketplace et Telegram. C’est pas l’eau de rose tous les jours mais je gagne plus que lorsque j’étais employé », vendeur en ligne.
Les micro-entreprises digitales explosent :
- boutiques en ligne,
- services de livraison connectés,
- micro-agences de communication,
- studios créatifs,
- consultants indépendants,
- maintenance technique,
- cours en ligne.
Cette économie numérique informelle n’apparaît dans aucune statistique… mais elle nourrit des milliers de foyers.
La jeunesse attend désormais plus 🎯
Pour cette génération née smartphone en main, les attentes sont claires :
- formations plus accessibles,
- financements réels pour les start-up,
- Internet fiable,
- reconnaissance officielle des métiers digitaux,
- espaces publics connectés,
- programmes permettant aux freelances d’exporter leurs compétences.
« On peut travailler depuis Yaoundé pour une entreprise américaine. Mais si la connexion saute, tout s’effondre. Nous avons besoin d’un pays qui croit au digital autant que nous », résume Christelle, spécialiste UX.
Le Cameroun numérique avance… mais à deux vitesses ⚡
Le pays voit émerger une génération qui refuse la fatalité du chômage et transforme TikTok, WhatsApp, GitHub ou Figma en outils de travail. Une génération qui se forme seule, crée ses propres emplois, invente de nouveaux métiers. Une génération qui peut réellement faire du numérique un moteur économique national. Mais cette révolution avance à deux vitesses :
- d’un côté, l’énergie, la créativité et l’ambition ;
- de l’autre, des infrastructures lentes, des coûts élevés et l’absence d’un cadre clair.
Si le Cameroun décide d’accompagner ce mouvement, de moderniser ses réseaux, de soutenir ses talents et de valoriser leurs compétences, alors il peut devenir un véritable pôle numérique en Afrique centrale. Dans le cas contraire, le risque est immense : une jeunesse prête à bâtir le futur… mais sans les outils nécessaires pour le faire ici.
À vos avis !!!
Pensez-vous que le Cameroun deviendra réellement une puissance numérique… ou que les infrastructures finiront par freiner cette génération prête à tout ?
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