
#Elections2025 : Quand les réseaux s’enflamment pour un candidat oublié par l’État 📢
Click here to read in English
Depuis l’ouverture de la période électorale au Cameroun, les réseaux sociaux voient émerger de nouveaux visages, loin des habituels poids lourds politiques. Parmi eux, Léopold Bessiping, candidat recalé du Rassemblement des Forces Écologiques pour la Relance de l’Économie (RFERE), attire particulièrement l’attention. Non pas pour ses discours flamboyants ou un programme ambitieux, mais pour un combat personnel vieux de cinq ans : récupérer le solde de son salaire injustement suspendu. Une mobilisation en ligne qui lui vaut aujourd’hui des audiences auprès des autorités pour tenter de régulariser sa situation.
Et c’est en ligne que tout commence 📲
Tout commence lors du dépôt de candidature des potentiels candidats à l’élection présidente du 12 octobre 2025 au Cameroun. Alors que Léopold Bessiping sort de la salle de dépôt, il se fait interviewer et la séquence devient virale, notamment grâce à une phrase qui fait le tour du web :
« On ajoute pas l’argent sur l’Aaaaaar… »
On like, on commente, on se moque, on partage… Mais personne n’imagine alors la véritable histoire derrière cette réplique. Quelques jours plus tard, la liste provisoire des candidats retenus est publiée : son dossier est rejeté. L’enseignant à la retraite saisit alors le Conseil constitutionnel pour un recours post-électoral.
Du rejet à la révélation médiatique 📣
Le 5 août, à la sortie de la salle d’audience où sa requête vient d’être rejetée, il se confie à nouveau à la presse. Visiblement ému, il raconte la suppression soudaine d’une partie de son salaire depuis 2020, et montre des copies de correspondances officielles restées sans réponse depuis 2022.
L’élection présidentielle aura donc permis à ce professeur de Physique-Chimie à la retraite de se faire entendre. En quelques heures, sa vidéo devient virale et les hashtags #RendezLuiSonSalaire et #JusticePourBessiping inondent Facebook, X (ex-Twitter), TikTok et WhatsApp.
« Les gens font comment pour rire devant cette vidéo ? On écoute la même vidéo ? Quelqu’un dit qu’il a failli être brûlé dans la maison par son bailleur… Non mais avant de réagir à des vidéos écoutez ou lisez les commentaires. God ! Que les médias lui donnent la parole et que son argent soit restitué », commente Camille Owono sur Facebook.
Une cause personnelle devenue symbole collectif 💡
Ce qui aurait pu rester une simple réclamation administrative prend rapidement une tournure sociale et symbolique. Beaucoup y voient le reflet d’injustices subies par d’autres fonctionnaires et retraités dans l’administration publique.
« C’est bien de résoudre son problème mais c’est encore mieux de résoudre le problème de tous ceux qui sont comme ce monsieur. Des retraités qui ne peuvent pas jouir de leur pension de retraite bloquée au Minfi par des tiers qui attendent impatiemment que ceux ci se présentent en leur proposant une quote part afin de traiter leur dossier. Le service public est non payant mais quand on voit ce qui se passe dans vos Ministères, c’est déplorable. Un Agent préfère laisser un dossier trainer des années parce qu’il ne voit pas d’avantage à le traiter », peut-on lire ce commentaire de Yves Ekome, massivement relayé.
« C’est bien de résoudre son problème. Il serait mieux d’avoir une solution holistique des problèmes liés au dossier de pension. La procédure est coûteuse, longue, scrabeuse, lente. Mon papa, jadis contrôleur de trésor, est décédé il y a 8 ans, jusqu’aujourd’hui, ma maman veuve ne jouit pas de ses droits pourtant le dossier est au MINFI. Malgré toutes mes démarches, rien ne bouge. Le dossier stagne. », Calvin Beloko.
Sur Facebook et TikTok, des vidéos satiriques tournent en boucle, rejouant l’histoire de son salaire amputé comme une série à suspense. Sur X, des threads documentent les étapes de sa réclamation, pendant que d’autres le félicitent pour « avoir eu le courage de porter son vécu en campagne ».
Une solidarité numérique qui force l’écoute 🧠
La trajectoire de ce candidat illustre une nouvelle dynamique. Le numérique s’est vu ainsi être comme espace d’humanisation du politique. La viralité du message de ce sexagénaire a fait sortir de l’ombre un homme que peu prenaient au sérieux au début de la campagne. Son histoire se propage grâce à la sympathie numérique, aux mèmes, aux repartages et à une base de soutien qui s’est construite spontanément.
Face à l’ampleur de la mobilisation, les premières réactions officielles n’ont pas tardé. Il a été reçu ce 6 août par le ministre de la Fonction Publique et de la réforme Administrative. Un communiqué du Ministère des Finances confirme qu’il sera reçu le 11 août pour examiner les raisons de la suspension de son salaire et envisager sa régularisation.
« C’est l’un des rares à ne pas avoir modifié son style Facebook. Il parle comme tout le monde, il se plaint comme tout le monde. Forcément, ça touche et voilà que les autorités se soulèvent », commente un internaute sous une publication Facebook.
Le numérique, dernière brèche dans le silence institutionnel 🧨
Ce que vit le président du RFERÉ dépasse sa seule personne. Son histoire est devenue un symbole numérique d’un ras-le-bol collectif, celui de tous ceux qu’on oublie, qu’on méprise ou qu’on fait taire sans explication. Ce n’est pas sa candidature qui a fasciné, mais sa vulnérabilité rendue publique, et sa capacité à transformer une plainte administrative en mobilisation nationale.
Dans un pays où le silence administratif est monnaie courante, il a rompu ce mutisme grâce à sa candidature à la magistrature suprême… et le peuple a répondu d’un clic. Le numérique, ici, n’a pas seulement transmis une cause : il l’a élevée au rang de symbole. Il ne s’agit plus que d’un salaire, mais d’un homme que l’on croyait seul et que le numérique a placé au centre d’un débat national.
Et vous, pensez-vous que le numérique est devenu le dernier recours pour se faire entendre face à l’administration ?
📱 Retrouvez notre actu chaque jour sur WhatsApp, directement dans l’onglet “Actus” en vous abonnant à notre chaîne en cliquant ici ➡️ Lien chaîne WhatsApp TechGriot 😉
Mon père a été suspendu depuis 2004 jusqu’à présent rien avec toutes les démarches jusqu’ aller en retraite. Même en retraite il n’ a rien. C est vraiment terrible mais nous espérons que ce cas qu’on pensait être un simple buzzz permette de résoudre les problèmes des autres.
Cet homme n’était qu’un arbre qui cachait la forêt. Il y a d’autres cas similaires. Beaucoup d’enseignants ont été suspendus injustement, et obtenir leurs arriérés est un problème, malgré le fait qu’ils aient tous les documents pour le prouver. Vous déposez vos dossiers au ministère des Finances, et on vous dit d’attendre, parfois jusqu’à dix mois, avant de recevoir vos arriérés. Si on pouvait utiliser ces cas pour examiner la situation de tous les autres enseignants qui sont dans la même situation…