
Paiements hors App Store : Apple joue-t-elle la carte de la peur ? 💰
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La bataille entre Apple et la Commission européenne autour des paiements en ligne prend une nouvelle tournure. Depuis l’entrée en vigueur du Règlement sur les marchés numériques (DMA), les développeurs peuvent, en théorie, proposer des systèmes de paiement alternatifs à celui d’Apple. Mais dans la pratique, la firme semble tout mettre en œuvre pour décourager cette option.
Une commission qui pèse des milliards 💸
Apple tient farouchement à sa commission sur les achats intégrés effectués via l’App Store. Prélevée à hauteur de 15 à 30 %, elle représente une part non négligeable des revenus de la firme. Selon une estimation récente, cette « dîme numérique » aurait rapporté plus de 10 milliards de dollars en 2024. Face à une telle somme, il n’est pas surprenant qu’Apple tente de défendre bec et ongles son système.
Dans ce système, Apple promet une expérience utilisateur fluide et sécurisée : gestion directe des paiements, traitement des litiges, et protection des données bancaires. Mais derrière cette promesse, se cache aussi un verrouillage stratégique. Toute transaction échappant à l’App Store échappe aussi à sa commission.
Des avertissements qui sèment le doute ⚠️
Depuis mars 2024, Apple affiche des messages d’alerte dans l’App Store pour les applications utilisant un système de paiement externe. Ces messages indiquent que l’application ne prend pas en charge le système sécurisé d’Apple, et que l’utilisateur devra fournir ses données bancaires à un tiers. Un lien renvoie vers une page de mise en garde qui dégage Apple de toute responsabilité.

Message proposé par Apple à l’UE
Certains développeurs et observateurs dénoncent une tactique anxiogène. En insinuant que les achats en ligne sont peu sûrs, Apple tente de faire passer son propre système comme la seule voie fiable. Pourtant, l’achat en ligne est aujourd’hui un geste quotidien pour des millions de personnes. Commander sur Amazon, réserver un hôtel, s’abonner à Netflix ou Spotify sont autant d’actes qui se déroulent en dehors de l’App Store, sans drame particulier.
Un monde numérique déjà sécurisé 🔐
Les transactions en ligne reposent sur des protocoles éprouvés comme le HTTPS, la vérification 3D Secure ou les agréments bancaires. En Europe, les règles du RGPD imposent également aux plateformes un cadre clair pour la gestion des données personnelles. En réalité, le paiement en ligne est aussi sécurisé via un navigateur que dans une application, tant que l’utilisateur reste vigilant.
Le message d’Apple laisse donc entendre que passer par une plateforme tierce serait risqué. Pourtant, la majorité des utilisateurs effectuent déjà de telles transactions ailleurs, sans intervention d’Apple. La firme agit comme si elle seule pouvait garantir une expérience sûre, alors qu’en pratique, elle n’est ni l’unique rempart contre la fraude, ni indispensable à la protection des données.
Un bras de fer avec l’Europe 🏛️
La Commission européenne n’est pas restée indifférente. Elle a infligé une amende de 500 millions d’euros à Apple pour entrave à la mise en œuvre du DMA. Ce règlement vise à rééquilibrer le pouvoir entre géants du numérique et entreprises tierces. La sanction autorise notamment l’usage de systèmes de paiement alternatifs. Mais dans la pratique, très peu de développeurs se sont engagés sur cette voie. Certains sont découragés par les frais supplémentaires et les nombreuses contraintes imposées par Apple.
Certes, la firme a modifié la formulation de ses messages d’alerte pour les rendre moins alarmants, mais le principe reste le même. Il faut mettre la pression sur les utilisateurs, en semant le doute dès qu’ils s’aventurent hors de l’écosystème Apple.
Un système fermé face à un usage ouvert 🔄
La stratégie d’Apple repose sur un modèle intégré où tout est contrôlé en interne. Ce modèle a ses avantages, notamment pour les utilisateurs peu expérimentés qui veulent une expérience fluide. Mais dans un monde numérique où la diversité des services et des moyens de paiement est devenue la norme, vouloir maintenir un monopole sur les transactions semble difficilement tenable.
Derrière le discours de la sécurité, les pratiques d’Apple interrogent. La firme cherche-t-elle réellement à protéger ses utilisateurs, ou à préserver un système ultra-rentable, au détriment de la liberté de choix ? La réponse semble pencher vers la seconde option. Et l’Europe, bien décidée à rétablir un équilibre, ne devrait pas relâcher la pression.
👉🏾 Et vous, pensez-vous qu’Apple cherche avant tout à protéger ses utilisateurs ou à conserver son monopole sur les paiements ?
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