Tontines en ligne au Cameroun : quand les réseaux sociaux deviennent lieux de solidarité et marchés populaires 🛍️

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Perruques, vêtements, draps, ustensiles de cuisine… Au Cameroun, les tontines en ligne se multiplient, transformant les groupes WhatsApp, Instagram et Facebook en véritables circuits d’achat communautaire. Un système pratique, accessible — parfois risqué — qui séduit surtout les femmes.

Un marché à portée de main  🛍️

Dans un groupe WhatsApp nommé Tontine perruques, elles sont plus de 120 à suivre chaque jour les publications de la promotrice. Une robe Ankara le lundi, un lot de draps brodés le mardi, une friteuse électrique en promotion le vendredi… Chaque semaine, un produit est mis en tontine, avec un prix fixé et un tirage au sort pour déterminer l’ordre de réception.

« C’est simple : on paie chaque semaine selon un taux préalablement fixé. Quand c’est ton tour, tu reçois le produit. Même si tu passes en dernière, au moins tu es sûre d’avoir ce que tu veux sans tout payer d’un coup », explique Linda, membre active de cinq tontines en ligne.

Le principe séduit par sa flexibilité. Ici, nul besoin d’un gros budget initial ni de se déplacer. Les produits sont livrés, les paiements se font via Mobile Money. En quelques clics, les femmes s’offrent du neuf à crédit… entre elles.

Un phénomène majoritairement féminin  👩🏾

Ce système, bien qu’ouvert à tous, est surtout dominé par les femmes. Mères de famille, jeunes salariées, étudiantes, vendeuses de beignets ou commerçantes… Toutes y trouvent un moyen de se faire plaisir ou d’équiper leur maison à moindre coût.

Les produits les plus populaires tournent autour de la beauté (perruques, maquillage, soins corporels), de l’habillement (robes en dentelle, ensembles de sport, pagnes), ou encore de la cuisine (batteries de casseroles, friteuses, mixeurs, assiettes décoratives). Parfois même, des produits électroménagers comme des congélateurs ou des machines à laver sont proposés.

« J’ai eu mon robot pâtissier grâce à une tontine en ligne. J’ai versé 2 100 FCFA chaque semaine pendant deux mois. C’est plus simple pour moi que de tout payer d’un coup. En plus ça m’allège la tâche, plus on est nombreuse, plus j’ai droit au produit que je souhaite », confie Sonia, pâtissière.

Entre solidarité et business 🤝

À l’origine, ces tontines s’inscrivent dans une logique d’entraide, comme les tontines classiques. Mais avec la multiplication des groupes, certaines promotrices en ont fait un véritable business. Elles prennent une commission sur chaque produit ou ajoutent discrètement une marge au prix d’achat. Ce sont elles qui effectuent les achats et vous livrent simplement le produit.

D’autres vendent elles-mêmes les articles, utilisant la tontine comme canal de fidélisation. En retour, elles gèrent les commandes, la livraison et les éventuelles réclamations — le tout sans véritable cadre juridique.

« C’est un modèle hybride entre la vente à crédit, tontine traditionnelle et le commerce en ligne. Ça repose sur la confiance, mais aussi sur le bouche-à-oreille. C’est difficile d’entrer dans un groupe où tu ne connais personne parce qu’il y a beaucoup d’arnaques», analyse Mireille T., étudiante en sociologie.

Des risques réels mais peu dissuasifs⚠️

Si la majorité des tontines en ligne se déroulent sans incident majeur, certaines ont laissé un goût amer à leurs membres : produits non conformes, promotrices injoignables après réception des fonds, ou litiges sur l’ordre de tirage…

Sans contrat signé ni structure formelle, il est difficile pour les victimes d’obtenir réparation. Quelques escroqueries notables ont même été dénoncées sur les réseaux sociaux. Mais ces cas restent marginaux par rapport à l’ampleur du phénomène.

« J’ai perdu 15 000 FCFA dans une tontine de perruques, la promotrice a disparu. Depuis, je ne participe que dans les groupes où je connais au moins deux membres personnellement », raconte Éliane, étudiante.

Un nouveau visage de l’économie populaire 📦

Au-delà du simple phénomène de mode, les tontines en ligne illustrent la créativité de l’économie informelle camerounaise. Elles allient tradition et technologie, dans une logique à la fois de survie et d’opportunité.

Dans un contexte de pression économique, elles permettent à des milliers de personnes d’accéder à des biens de consommation tout en maintenant un lien social. Et si certaines finissent par se professionnaliser, elles rappellent surtout que, sur Internet comme ailleurs, la solidarité reste une monnaie précieuse.

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Avez-vous déjà participé à une tontine en ligne ? Partagez votre expérience en commentaires ! 😊