
Du quartier à l’écran : comment les réseaux redessinent la sociabilité camerounaise 🇨🇲📱🫂
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Ils sont devenus le prolongement de nos rues, de nos quartiers, de nos familles. Les réseaux sociaux comme Facebook, Instagram, WhatsApp, TikTok ou encore X (anciennement Twitter) ont redessiné les contours de la vie sociale au Cameroun. Ce ne sont plus seulement des espaces d’information ou de distraction, mais de véritables lieux de socialisation, de transmission culturelle… et parfois de dérives.
Une nouvelle place du village 🏘️
Des groupes WhatsApp familiaux aux pages Facebook communautaires, les réseaux sociaux ont transformé la manière dont les Camerounais interagissent. On y organise des tontines, on y annonce des deuils, on y célèbre des mariages ou des naissances. Au-delà, on y débat des sujets brûlants, chacun partage son avis et interagit avec des personnes qu’il ne connaît pas et ne rencontrera probablement jamais.
« Avant, pour parler à un ami, il fallait aller le voir. Aujourd’hui, une story suffit pour savoir si la personne va bien ou pas. Voir son post nous notifie directement qu’il est vivant», confie Yannick, étudiant.
Pour les jeunes, TikTok et Instagram sont devenus des moyens de se faire des amis, de nouer des relations amoureuses, voire de construire une réputation. Des “lives” quotidiens aux discussions en DM, les interactions virtuelles remplacent de plus en plus les rencontres physiques.
« Sur les réseaux je me retrouve entrain de parler avec des gens que je ne connais même pas. On rit, on se taquine, parfois on se chamaille aussi. On sait néanmoins que ça reste sur les réseaux. C’est la beauté de ce monde virtuel qui rassemble des personnes de plusieurs cultures et d’éducation différentes », confie Bertrand, adepte des réseaux.
Une vitrine de la culture camerounaise 🎭
Cette nouvelle sociabilité numérique a aussi propulsé la culture locale sur le devant de la scène. Les humoristes, les créateurs de contenus culinaires, les danses traditionnelles revisitées en challenges TikTok participent à une revalorisation des identités camerounaises, visibles au-delà des frontières.
Cette nouvelle sociabilité numérique a aussi propulsé la culture locale sur le devant de la scène. Humoristes, créateurs de contenus culinaires, danses traditionnelles revisitées en challenges TikTok… Autant de formes d’expression qui contribuent à revaloriser l’identité camerounaise, désormais visible bien au-delà des frontières.
« Je vis en France, mais grâce aux lives Facebook, je suis au courant des danses du moment au pays. Ça me reconnecte à ma culture mais surtout à la vie de mon pays », raconte Gisèle K., à Lyon.
Même les proverbes en langue, les expressions en pidgin ou les recettes ancestrales trouvent une seconde vie en ligne. Le monde s’est miniaturisé dans nos écrans : tout s’y retrouve, jusqu’aux ennemis qui finissent par s’y recroiser.
La solitude qui se partage 🤳
Cependant, cette vie hyperconnectée a un revers. Certains utilisateurs remplacent complètement les relations physiques par des échanges numériques. Ce qui provoque un sentiment d’isolement paradoxalement amplifié par une présence constante en ligne.
Mais cette vie hyperconnectée a aussi son revers. Certains remplacent complètement les relations physiques par des échanges virtuels. Ce qui engendre un paradoxe : un sentiment d’isolement accentué par une présence constante en ligne.
« Je parle avec beaucoup de gens sur WhatsApp, mais parfois je réalise que je ne vois presque personne en vrai. Et je me sens seule parce que je vis seule aussi. Je ne parle aux gens qu’au travail ou quand je voyage pour aller en famille », avoue Aline, jeune salariée à Yaoundé.
Une situation qui rappelle que les likes et les emojis ne remplacent pas toujours un regard, une poignée de main ou un silence partagé. Comme Aline, de nombreuses personnes — souvent introverties — vivent en scrollant. Même sans interagir, elles likent, commentent ou reproduisent ce qu’elles voient. Une manière silencieuse mais réelle d’exister dans ce monde numérique.
Le terrain glissant de la désinformation ⚠️
La désinformation prospère aussi dans ces nouveaux espaces de socialisation. Une image sortie de son contexte, une fausse citation, une vidéo truquée… et l’indignation collective s’enflamme. Dans un pays où l’accès à une information fiable est encore inégal voire dérisoire, les réseaux sociaux deviennent souvent le théâtre de manipulations.
« Sur un groupe Facebook de quartier, quelqu’un a accusé un voisin d’être un voleur. Il s’est fait agresser avant qu’on ne découvre que c’était faux. On fabrique des choses et on les attribue aux gens facilement. Il faut surtout craindre la mauvaise utilisation de l’intelligence artificielle et des autres outils numériques », alerte Rodrigue, entrepreneur.
Entre fake news et chasse aux sorcières numériques, les dérives sont bien réelles.
Une révolution douce, un choc invisible 🌍
À force de scroller, de liker, de commenter, nous avons peu à peu déplacé notre village dans nos écrans. Ce ne sont plus les tam-tams qui rassemblent, mais les notifications. Ce n’est plus la place du marché qui crée du lien, mais la story bien placée.
Cette mutation s’est opérée sans bruit, sans heurt, comme une révolution douce. Et pourtant, elle bouleverse tout : nos façons d’aimer, de pleurer, de nous informer, de nous sentir exister. Un clic peut désormais créer un lien ou détruire une réputation.
Les réseaux sociaux ne sont pas que des outils. Ils sont des mondes dans le Monde. Et dans ces espaces numériques, nous avons emporté notre humanité, avec ses lumières… et ses failles. Espérons qu’à force d’y vivre, nous n’oublions pas comment être vraiment ensemble.
Vos avis comptent!!!
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