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Cloudflare en panne : quand l’autre pilier invisible d’Internet s’effondre 🌐💥

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Mardi 18 novembre 2025, 12h20. Vous ouvrez X (anciennement Twitter) pour vérifier l’actualité. Page blanche. Vous tentez de vous connecter à ChatGPT pour une question urgente. Erreur 500. Canva refuse de charger vos designs. League of Legends vous expulse de votre partie. Vous commencez à paniquer : encore une panne ? Pas tout à fait la même qu’il y a un mois, mais presque aussi spectaculaire.

Cette fois, ce n’est pas AWS qui a vacillé, mais Cloudflare. Un autre nom que vous n’avez probablement jamais entendu, mais qui protège et accélère une énorme partie du web mondial. Et quand ce bouclier invisible tombe, c’est le chaos.

Moins d’un mois après la panne massive d’AWS qui avait paralysé Snapchat, Netflix et des milliers de services, Internet vient de prouver une fois de plus sa fragilité. Mais avant de comprendre ce qui s’est passé, il faut d’abord saisir qui est vraiment Cloudflare et pourquoi il est si crucial.

Cloudflare, le gardien invisible du web 🛡️

Si AWS est la fondation qui héberge les sites web, Cloudflare en est le système de sécurité et d’accélération. Fondée en 2009, cette entreprise californienne s’est donnée une mission ambitieuse : rendre Internet plus rapide, plus sûr et plus fiable pour tous.

Concrètement, Cloudflare joue trois rôles essentiels. D’abord, il agit comme un bouclier anti-cyberattaques. Chaque jour, des millions de tentatives d’attaques DDoS (Distributed Denial of Service) essaient de submerger les sites web avec un trafic artificiel pour les rendre inaccessibles. Cloudflare filtre ce trafic malveillant avant qu’il n’atteigne les serveurs des sites. C’est un garde du corps numérique qui protège discrètement des millions de sites.

Ensuite, il accélère drastiquement le chargement des pages. Grâce à son réseau mondial de plus de 270 centres de données répartis sur tous les continents, Cloudflare stocke temporairement des copies des sites web. Quand vous visitez un site protégé par Cloudflare, vous accédez en réalité à la copie la plus proche géographiquement de vous. Vous êtes à Paris ? Vous accédez au serveur parisien. À Tokyo ? Au serveur tokyoïte. Résultat : des temps de chargement divisés par deux, voire trois.

Enfin, Cloudflare gère le DNS (Domain Name System) pour des millions de domaines. Le DNS, c’est l’annuaire d’Internet : il traduit les noms de sites comme « google.com » en adresses IP que les ordinateurs comprennent. Sans DNS, vous devriez mémoriser des séries de chiffres pour chaque site. Cloudflare est l’un des plus gros gestionnaires DNS au monde.

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Environ 20% du trafic web mondial passe par Cloudflare. Des géants comme Discord, des médias comme Frandroid, des plateformes comme Canva, des jeux comme League of Legends, et même des portails gouvernementaux de visas électroniques dépendent de ses services. C’est colossal.

Le parallèle avec AWS est frappant : comme AWS pour l’hébergement, Cloudflare est devenu un point de passage unique pour une part énorme du web. Et comme on l’a vu le 18 novembre, cette centralisation a un prix.

Mardi noir : quand le bouclier s’effondre 💥

Revenons à ce mardi 18 novembre 2025. À 11h20 UTC (12h20 heure française), quelque chose se brise dans l’infrastructure de Cloudflare. Très rapidement, les premiers signalements affluent. X (Twitter) ne répond plus. ChatGPT affiche des erreurs. Canva refuse de charger. League of Legends expulse ses joueurs.

L’ironie de la situation ? Même Downdetector, le site qui recense les pannes d’Internet, est lui-même devenu inaccessible. C’est un peu comme si les pompiers appelaient les pompiers parce que leur caserne était en feu.

À 12h48 (heure de Paris), Cloudflare publie enfin un premier communiqué laconique : « Cloudflare connaît actuellement une dégradation interne de ses services. Certains services peuvent être affectés de manière intermittente. » Le genre de phrase qui rassure autant qu’un « restez calmes » crié dans un incendie.

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Les témoignages commencent à affluer sur les réseaux sociaux. Un youtubeur d’entreprise raconte avoir dû reporter l’enregistrement de plusieurs podcasts. Un copywriter explique que même ses logiciels open source décentralisés comme Anytype étaient bloqués, car certains encodages passaient par des applications cloud hébergées derrière Cloudflare. Un cadre d’une grande banque française confie anonymement : « Dans ces moments-là, on réalise notre dépendance au Cloud et aux fournisseurs américains… ne serait-ce que pour répondre aux clients via les chatbots. »

Les services impactés dépassent l’entendement par leur diversité : OpenAI (ChatGPT), X (Twitter) avec plus de 5 600 incidents signalés, Canva, Spotify, Facebook, des portails de visas électroniques de l’Arabie Saoudite, du Kenya et de la Thaïlande, des sites d’actualité comme Numerama et Les Numériques, et même des services internes de Cloudflare lui-même comme son tableau de bord d’administration.

La panne touche tous les continents simultanément, démontrant l’ampleur de la dépendance mondiale à Cloudflare.

L’origine du chaos : une simple erreur de configuration 🔧

Contrairement aux premières craintes, il ne s’agissait ni d’une cyberattaque massive, ni d’un sabotage, ni d’une catastrophe naturelle. Juste une erreur humaine, amplifiée par un effet domino technique.

L’origine de la panne est presque embarrassante de banalité : un changement dans une base de données a généré un fichier trop volumineux. Imaginez une recette de cuisine qui doit tenir sur une page, mais qui fait soudainement 50 pages. Les machines de Cloudflare n’étaient pas préparées à gérer un fichier aussi gros.

Résultat : un bug qui s’est propagé comme une trainée de poudre à travers les 270 centres de données de Cloudflare dans le monde. Les serveurs tombaient en panne les uns après les autres. Pire encore, le système oscillait : fonctionnel pendant quelques minutes, puis en panne à nouveau, puis fonctionnel… Un vrai cauchemar pour les ingénieurs qui tentaient de comprendre ce qui se passait.

À 14h09 (heure de Paris), Cloudflare annonce avoir identifié le problème. 15h30, la correction est déployée et le trafic revient progressivement à la normale. 18h06, c’est officiellement résolu. Durée totale : environ 3 à 4 heures pour la majorité des services.

Dans la nuit, le PDG de Cloudflare, Matthew Prince, présente ses excuses et promet des mesures pour éviter que ça se reproduise.

Déjà-vu : le parallèle glaçant avec AWS 🔄

Pour ceux qui suivent l’actualité tech, ce scénario a un parfum de déjà-vu. Il y a moins d’un mois, le 20 octobre 2025, AWS connaissait une panne catastrophique qui avait paralysé Snapchat, Fortnite, Netflix, Signal et des milliers d’autres services pendant près de 14 heures.

La cause était différente (un dysfonctionnement du système de surveillance des load balancers dans la région US-EAST-1), mais les conséquences étaient similaires : un effet domino dévastateur, des millions d’utilisateurs impactés, des entreprises paralysées, des pertes financières massives.

Ces deux pannes majeures en moins d’un mois révèlent une vérité inconfortable : Internet repose sur quelques acteurs-clés dont la défaillance peut provoquer un chaos global. AWS contrôle environ 30% du marché du cloud computing. Cloudflare protège et accélère 20% du trafic web mondial. À eux deux, ils forment une partie critique de l’infrastructure Internet.

Le problème n’est pas tant la compétence de ces entreprises – AWS et Cloudflare sont des références techniques avec des équipes d’ingénieurs parmi les meilleures au monde. Le problème, c’est la centralisation excessive.

Imaginez une autoroute où 50% du trafic passe par un seul pont. Même si ce pont est le plus solide du monde, construit avec les meilleurs matériaux par les meilleurs ingénieurs, s’il s’effondre, c’est la catastrophe totale. C’est exactement ce qui se passe avec Internet aujourd’hui.

Les deux pannes ont également révélé la même fragilité : des erreurs internes banales (changement de permissions pour Cloudflare, dysfonctionnement d’un sous-système pour AWS) peuvent avoir des conséquences planétaires en quelques minutes.

La centralisation d’Internet : un château de cartes fragile 🏰

Ces incidents successifs posent une question cruciale : pourquoi avons-nous permis qu’Internet devienne si centralisé ?

La réponse est simple : l’économie. AWS, Cloudflare, Microsoft Azure et Google Cloud offrent des services exceptionnels à prix compétitifs. Pour une startup, payer quelques centaines d’euros par mois plutôt que d’investir des millions dans ses propres serveurs est une évidence.

Résultat : une concentration massive. AWS, Azure et Google contrôlent 70% du marché du cloud. Cloudflare et ses concurrents dominent la protection web. Cette oligopole crée des risques systémiques : quand l’un tombe, c’est l’effet domino mondial.

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Les solutions existent théoriquement. Les entreprises peuvent répartir leurs services sur plusieurs fournisseurs (le « multi-cloud »). Mais c’est plus cher, plus complexe, et ça demande une expertise rare. En Europe, des initiatives comme Gaia-X tentent de créer des alternatives, mais le retard est colossal face aux géants américains qui ont 15 à 20 ans d’avance.

Les leçons ignorées : pourquoi ça se reproduira 🔁

Voici la partie frustrante : ces pannes ne sont pas des surprises. AWS a connu plusieurs incidents majeurs (2021, 2023, 2025). Cloudflare aussi. À chaque fois, les promesses de « mesures correctives » pleuvent. Pourtant, ça continue.

Pourquoi ? Parce que la perfection n’existe pas en informatique. Ces systèmes sont d’une complexité vertigineuse : des millions de lignes de code, des milliers de serveurs, des centaines d’interconnexions. Une seule erreur peut tout faire basculer.

Cloudflare a promis validation plus stricte, nouveaux mécanismes d’urgence, révision complète. Exactement ce qu’AWS avait promis après sa panne d’octobre. Soyons réalistes : une nouvelle panne surviendra. La question n’est pas « si », mais « quand ».

Et si la prochaine fois, au lieu de quelques heures, elle durait plusieurs jours ? Notre monde numérique y survivrait-il ?

Accepter le risque ou changer le système ? ⚖️

Le 18 novembre 2025 restera comme un rappel brutal de notre dépendance à quelques géants technologiques. Moins d’un mois après AWS, Cloudflare a démontré que même les infrastructures les plus robustes peuvent s’effondrer.

Deux options s’offrent à nous. La première : accepter ce risque comme le prix de la commodité du cloud. C’est l’option que nous avons implicitement choisie jusqu’à présent.

La seconde : repenser fondamentalement l’architecture d’Internet pour la rendre plus distribuée et résiliente. Investir massivement dans des alternatives. Obliger les services critiques à maintenir une redondance. Cette option coûte cher, elle est complexe, mais elle est peut-être nécessaire.

Car imaginez : et si la prochaine panne survenait simultanément chez AWS, Azure et Cloudflare ? Et si elle durait 3 jours au lieu de 3 heures ? Notre économie entièrement numérisée y survivrait-elle ?

De quoi réfléchir avant votre prochain post sur X ou votre prochaine partie de League of Legends. Derrière chaque clic se cache une infrastructure invisible, fragile, et peut-être trop centralisée.

 

Et vous, aviez-vous été impacté par cette panne du 18 novembre ? Comment l’avez-vous vécue ? Aviez-vous remarqué que deux pannes majeures ont touché Internet en moins d’un mois ? Partagez votre expérience et votre avis dans les commentaires !


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