Console ou cache-cache ? Au Cameroun, les jeux numériques détrônent les traditions 🎮

Click here to cread in English

Les cris joyeux de « chifoumi », « foot sans ballon », « les billes » ou encore « le loup » se font de plus en plus rares dans les rues et cours de récréation camerounaises. Désormais, les yeux des enfants sont rivés sur des écrans : PS4, téléphones, tablettes. Candy Crush, PUBG, Dream League Soccer ou Free Fire ont envahi leur quotidien. Les jeux numériques séduisent, fascinent, et peu à peu, supplantent les jeux traditionnels.

Des cabanes aux manettes 🕹️

Dans les années 90 et 2000, quelques morceaux de bois et un coin de sable suffisaient pour lancer une partie de njou, de dame ou de wouri. Aujourd’hui, un simple téléphone fait l’affaire. Même dans les zones rurales, les enfants s’adaptent. Grâce aux portables de leurs parents ou prêtés par des aînés, ils découvrent les jeux mobiles… et s’y attachent parfois plus qu’aux devoirs.

« Mon petit frère ne sait pas jouer à ‘chaise musicale’. Mais il peut rester deux heures sans bouger à jouer à Subway Surfers sur mon téléphone. Il maîtrise tous les dangers du jeu, les bonus, les combos et un tas de choses dont je n’ai même pas idée », raconte Cynthia, journaliste.

Moins de sable, plus de pixels 📲

Ce changement de mode de jeu illustre une transformation numérique plus large. Avec la baisse des prix des smartphones et l’extension de la 3G/4G, l’accès aux jeux en ligne devient plus facile. Des applications comme Ludo King, ou des plateformes telles que l’App Store, le Play Store ou même Telegram, rendent ces jeux accessibles à tous.

« Il y a une infinité de jeux en ligne. S’il faut en citer je m’essoufflerai. Les enfants qui ont des tablettes ou des téléphones actuellement ne sauront jamais ce que ça fait de jouer au « Ndorchi», aux claquettes pour les filles ou encore à « j’ai mal au dos». On se déshumanise au profit de la technologie, sans se rendre compte qu’on ne peut plus faire marche arrière », se plaint Aristide.

Dans certains quartiers, les jeunes se retrouvent… pour jouer chacun sur leur propre écran. Finies les batailles d’équipes sur terrain vague ou les cris de victoire après un lancer de pierre bien visé. La compétition s’est déplacée vers les terrains numériques.

Une tradition qui perd du terrain 🪀

Le constat est amer pour les enseignants et les parents. Même dans les cours d’école, les jeux traditionnels se raréfient. Certaines grandes écoles proposent même des tablettes pendant les récréations.

« On assiste à une forme de désocialisation. Les enfants apprennent moins à gérer les conflits réels, à coopérer ou à faire preuve de créativité comme dans les jeux traditionnels », regrette M. Mbida, instituteur.

Certains parents tentent néanmoins de préserver ces traditions. Ils initient leurs enfants à l’awalé, au jeu de billes ou au cerceau. Mais l’attrait des écrans est souvent plus fort.

« Tu fais le cerceau avec ton fils, deux minutes après il retourne sur son téléphone. Il dit que c’est fatigant. Il préfère aller se détruire à petit feu devant la lumière du smartphone», souffle une mère de famille.

Le jeu digital, pas que du négatif 👍

Pour autant, tout n’est pas à jeter dans ces jeux numériques. Certains développent les réflexes, la concentration, et peuvent même initier les enfants à l’anglais ou aux mathématiques. Parfois, ils ouvrent aussi une fenêtre sur le monde. Les enfants « Android » semblent souvent plus curieux et ouverts que ceux d’avant.

« Malgré tout, il y a du bien. Mon enfant a commencé à chanter « ABCD » à 2 ans. Simplement parce que dans mon téléphone j’avais installé des jeux pour enfants qui font des voix et des sons divers. Moi je pense qu’il faut juste limiter le temps d’écran de ses enfants pour éviter le pire », rassure Fabien, père de famille.

Des projets comme EduGames Africa visent justement à combiner plaisir et apprentissage. D’autres applications valorisent la culture camerounaise à travers des quiz, des devinettes ou des contes interactifs.

Vers un équilibre des terrains de jeu ? ⚖️

Le véritable enjeu est sans doute là : trouver l’équilibre. Encourager les enfants à courir, sauter, toucher la terre… tout en les familiarisant intelligemment au numérique. Certains camps de vacances ont instauré un mercredi jeux traditionnels, pour réapprendre à jouer sans Wi-Fi.

Car si un enfant peut s’émerveiller devant un jeu vidéo, il peut aussi retrouver le goût d’un bon vieux cache-cache ou tire-pierre. Il suffit souvent d’un peu de sable, de quelques copains… et d’un adulte pour lui rappeler que le plaisir ne se limite pas à un écran.

À vos avis !!!
Quels jeux avez-vous transmis ou découverts avec les enfants autour de vous ? Partagez vos souvenirs en commentaires 😌