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Cryptomonnaies au Cameroun : rêve de liberté ou mirage financier ? 💰

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Longtemps perçue comme un jargon réservé aux financiers occidentaux, la cryptomonnaie est devenue une réalité bien camerounaise. Derrière les écrans de leurs téléphones ou de leurs laptops, dans les cybercafés, les campus universitaires et même les bars, on parle désormais de Bitcoin, d’Ethereum et surtout d’USDT.

Selon une étude menée en 2023, le Cameroun est le 2ᵉ pays d’Afrique centrale et le 11ᵉ en Afrique en termes d’usage des cryptos. Leur utilisation progresse, avec environ 900 000 utilisateurs recensés, mais le cadre réglementaire reste quasi inexistant. Derrière cette révolution numérique se cachent autant de rêves d’émancipation que de naufrages financiers. Le pays a déjà connu des plateformes comme Mida ou LiyepLimal Global Investment Trading, aujourd’hui réduites à l’ombre d’elles-mêmes. Et la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) s’oppose toujours à une régulation, craignant une déstabilisation du franc CFA.

Quand la jeunesse s’empare de la crypto 🚀

À Yaoundé comme à Douala, des jeunes se regroupent dans des “clubs de trading”. Ils y apprennent à acheter et revendre des monnaies virtuelles, dans des centres certifiés ou non. Pour eux, la crypto est synonyme d’indépendance et de réussite financière.

« Nous pensons qu’avec la crypto, les gens peuvent échapper au chômage. Je n’attends plus un emploi hypothétique, je crée ma propre chance. Le risque, c’est qu’on n’est jamais sûr de ce que les algorithmes prévoient », explique Lionel (nom d’emprunt), étudiant en économie.

D’après une étude sur le développement de la cryptomonnaie et des activités liées aux systèmes de Ponzi au Cameroun, présentée le 24 août 2023 par le ministère des Finances (MINFI), près de 7 % de la population active utilise des cryptomonnaies. Dans un pays où plus de la moitié de la jeunesse est sans emploi, les cryptos apparaissent comme une bouée de sauvetage.

L’autre visage : l’arnaque et les pertes ⚠️

Mais les témoignages de ruines se multiplient. Déjà, il y a plus de cinq ans, des internautes affirmaient avoir perdu toutes leurs économies après des placements sur le marché virtuel.

Roland (nom d’emprunt), 30 ans, rencontré dans le cadre de ce reportage, raconte avoir perdu 500 000 FCFA dans un “investissement garanti” via une plateforme conseillée par un ami. L’argent, destiné à une urgence familiale, s’est volatilisé en ligne.

« On nous disait qu’on gagnerait 30 % chaque mois. Tout marchait au début. Mais plus tu gagnes, plus tu as la mauvaise idée d’injecter davantage. Un jour, sans prévenir, la plateforme a disparu. J’ai cherché les administrateurs, mais ils s’étaient volatilisés », se désole-t-il.

Ces “scams” prolifèrent, exploitant la méconnaissance technique des utilisateurs. Certains centres proposent même des formations à la crypto. Les promesses d’abondance circulent surtout sur WhatsApp, Instagram, Facebook et Telegram.

Pour Aye Money, spécialiste en cybersécurité :

« La plupart des arnaques jouent sur la soif de gains rapides. Or, la crypto est instable par nature. Le problème, ce n’est pas la technologie, mais l’absence d’éducation financière. On gagnerait à éviter la facilité et à travailler avec patience pour mériter son dû. »

Entre zone grise et tolérance des autorités 🏛️

Officiellement, la BEAC interdit l’usage des cryptos comme monnaie légale. Mais dans les faits, aucune répression réelle n’existe. Les transferts en Bitcoin ou en USDT servent à payer des biens importés, financer des voyages ou contourner les restrictions bancaires.

« C’est un secret de Polichinelle : les cryptos permettent d’échapper aux banques et au CFA. Les plus grands blanchisseurs d’argent, ce sont surtout ces gestionnaires bancaires qui vous proposent des services numériques pour fructifier vos revenus. Tout le monde s’en sert, même ceux qui critiquent », confie un cadre d’une banque commerciale à Yaoundé.

Au-delà des gains et des pertes, la crypto révèle surtout un rapport brisé entre les Camerounais et leurs institutions financières. La défiance envers le franc CFA et la lenteur bancaire pousse de plus en plus de citoyens vers des alternatives numériques, même risquées.

« Nos parents faisaient confiance à la banque, mais nous, on fait confiance aux applis. Peut-être qu’on se trompe, mais au moins on essaie et on apprend de nos erreurs. Comme on dit dans la rue : “le Djambo n’aime pas la panique” », sourit Audrey, jeune entrepreneure.

Demain, miracle ou mirage ? 🔮

La cryptomonnaie au Cameroun est aujourd’hui à la croisée des chemins. Elle peut devenir un outil d’émancipation financière, en particulier pour une jeunesse marginalisée par le système bancaire. Mais elle peut aussi creuser les désillusions et ruiner ceux qui y voient une solution magique.

Car au fond, la crypto n’est ni un sauveur, ni un démon. Elle est simplement le reflet des contradictions d’une société en quête de liberté économique, mais vulnérable aux promesses trop belles pour être vraies.

Dans les quartiers de nos villes, certains continuent d’espérer qu’un “trade” changera leur destin, pendant que d’autres pansent les plaies de leurs pertes. Entre rêve de fortune et peur du naufrage, une certitude demeure : la cryptomonnaie n’a pas fini d’écrire son histoire au Cameroun.

 

Vos avis comptent !!!
👉🏾Pensez-vous que la cryptomonnaie est une chance pour la jeunesse camerounaise ou un piège qui promet plus qu’elle ne peut offrir ?


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