
Fake News au Cameroun : quand la rumeur numérique s’invite dans les urnes 🗳️🇨🇲
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À chaque élection, le scénario se répète : rumeurs virales, images truquées, faux résultats, comptes anonymes et montages “trop vrais pour être faux”. Depuis la présidentielle du 12 octobre, le Cameroun baigne dans un océan d’informations non vérifiées. En ligne, tout le monde semble savoir, tout le monde partage, et presque plus personne ne doute — sauf ceux qu’on qualifie de “matures”. Dans un contexte politique aussi sensible, la désinformation numérique devient un véritable acteur de la campagne.
Une avalanche de contenus truqués 🎭
Sur Facebook, WhatsApp, TikTok et X (ex-Twitter), les vidéos et publications “choc” se succèdent à une vitesse vertigineuse. Les groupes de discussion se transforment en salles de rédaction improvisées où chacun devient “journaliste” d’un jour. Certaines publications annoncent des résultats “anticipés”, d’autres diffusent des images d’archives présentées comme récentes, ou encore des déclarations fabriquées à l’aide d’outils d’intelligence artificielle.
« On reçoit tellement de messages chaque jour qu’on ne sait plus ce qui est vrai. Les gens te transfèrent des vidéos avec des légendes alarmistes, et même quand tu dis que c’est faux, ils te répondent : “Mais c’est écrit dessus !” », raconte Nadège, étudiante.
Des comptes anonymes, souvent créés pour l’occasion, diffusent de faux bulletins de vote, de prétendus messages de “victoire” attribués à des partis, ou encore des montages où la voix des candidats semble prononcer des propos qu’ils n’ont jamais tenus. L’ère du deepfake est désormais bien installée, et personne n’en est épargné.
Des citoyens pris dans le piège de la viralité 📱
Au Cameroun, plus de 70 % des internautes s’informent d’abord via les réseaux sociaux, selon Data Check Cameroon. Dans ce contexte, la moindre publication partagée par un proche devient une “source fiable”. La logique émotionnelle prend le dessus sur la logique vérifiable : on croit d’abord, on partage ensuite, et on doute seulement quand nos amis nous le reprochent.
« Quand c’est une personne de ta famille qui envoie une information, tu n’imagines pas qu’elle puisse être fausse. Pourtant, c’est comme ça que les intox circulent le plus vite », explique Hervé, enseignant.
Les plateformes, elles, peinent à contenir la vague. Les signalements arrivent souvent trop tard, quand le contenu a déjà circulé sur des milliers d’écrans. Et même lorsqu’il est supprimé, des captures d’écran ont déjà été faites. La rumeur continue alors sa vie ailleurs — reformulée, amplifiée et recyclée.
L’IA, nouvel accélérateur de la désinformation 🤖
Depuis l’arrivée des outils d’intelligence artificielle générative, fabriquer un faux contenu n’a jamais été aussi simple. En quelques minutes, il est possible de créer une fausse photo de meeting, une déclaration inventée ou une image d’urne renversée qui semble prise sur le vif.
« Avant, on pouvait reconnaître les montages. Aujourd’hui, c’est quasiment impossible. Même un œil averti peut se faire piéger », prévient un journaliste fact-checker.
Cette évolution rend la lutte contre les fake news encore plus complexe. Dans la majorité des cas, les fausses informations exploitent des émotions collectives telles que la colère, la peur ou la fierté, pour se propager plus vite que les démentis.
Quand le doute devient arme politique ⚔️
Au-delà des mensonges eux-mêmes, le plus dangereux reste le climat de suspicion généralisée. Quand tout semble potentiellement faux, même les vraies informations perdent leur crédibilité. Des médias officiels voient leurs publications contestées, des vidéos authentiques sont taxées de “montages”, et la parole publique s’effrite.
« Les fake news, ce ne sont pas seulement des mensonges. C’est une manière de brouiller les repères, de faire en sorte que plus personne ne croie personne », analyse Mireille, sociologue.
Une bataille invisible : vérifier, douter, éduquer 🕵🏾♀️
Quelques initiatives locales tentent de freiner la marée : des pages de vérification, des journalistes engagés dans le fact-checking, ou encore des campagnes d’éducation aux médias. Mais face à la vitesse des plateformes, le travail de vérification avance à pas d’homme dans une course de machines.
La présidentielle de 2025 aura confirmé une réalité : au Cameroun, la bataille des idées se gagne désormais en ligne, et la vérité y est devenue une denrée fragile.
Entre émotion, manipulation et saturation, le citoyen numérique doit aujourd’hui naviguer dans un brouillard d’informations où tout brille, mais où peu éclaire vraiment. Dans ce nouveau champ de bataille électoral, le vote n’est plus seulement dans les urnes… il est aussi, et surtout, dans ce que chacun choisit de croire et de partager.
👉🏾 Pensez-vous que les fake news peuvent réellement influencer le choix des électeurs au Cameroun ? Dites-le-nous en commentaires.
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