
Quand la précarité flirte avec les pixels : les dessous du “piment” numérique au Cameroun 💔
Click here to read in English
Elles sont jeunes ou mères, célibataires ou en couple, parfois étudiantes, travailleuses ou sans emploi. Depuis quelques semaines, la prostitution en ligne pratiquée par de nombreuses Camerounaises alimente un débat brûlant sur les réseaux sociaux. Derrière ces profils aguicheurs, se cachent souvent des réalités dures, des parcours souvent marqués par le besoin, mais aussi un écosystème bien plus complexe qu’il n’y paraît. Si les profils visibles sur ces plateformes sont presqu’exclusivement ceux de jeunes femmes, les hommes ne sont pas absents de ce système. En arrière-plan, certains jouent un rôle actif, que ce soit en tant que clients réguliers ou intermédiaires discrets.
Des sites d’annonces bien rodés et très fréquentés 📱
Derrière un écran de téléphone ou d’ordinateur, tout se négocie. Sur une plateforme très populaire, aujourd’hui au cœur de la polémique, on retrouve des milliers de profils de jeunes femmes proposant divers services sexuels. Les annonces y sont détaillées, accompagnées de photos suggestives, de tarifs explicites, parfois même d’une “carte de prestations”.
Les villes de Douala et Yaoundé concentrent la majorité des profils représentées sur ces plateformes. Mais la pratique s’étend à d’autres villes comme Bafoussam, Kribi, Bamenda ou encore Garoua, preuve que le phénomène n’est plus marginal. Selon plusieurs médias en ligne, un site camerounais bien connu pour ce type de services aurait réuni au premier semestre 2025 plus de 3 500 annonces actives et près de 170 000 utilisateurs.
La plateforme est perçue comme une “vitrine discrète” pour attirer une clientèle variée, sans s’exposer directement dans la rue. Le principe est simple : une femme crée un profil, y indique ses services, ses tarifs et souvent son numéro personnel, puis attend qu’un garçon en chaleur passe par là. Si l’entente est conclue, le rendez-vous est fixé. Ici, on paie à la tâche et aux “coups”.
Des profils féminins très variés 👩🏾🦱
Le phénomène touche désormais toutes les couches sociales. Des étudiantes de moins de 25 ans aux femmes plus âgées, des célibataires aux mères de famille, certaines ont fait des études, d’autres ont abandonné le lycée. Certaines gèrent cette activité comme une double vie soigneusement compartimentée. L’offre est vaste, répartie sur l’ensemble du territoire.
Chaque profil affiche des services, une localisation et parfois un pseudonyme. Les prix sont variables, Les prestations sont codées mais explicites pour les habitués. Le contact se fait en messagerie privée, jusqu’à l’accord final.
Les raisons ? Toujours multiples 💸
Derrière chaque profil se cache une histoire. Il y a celles qui n’arrivent pas à payer leurs études, celles qui veulent quitter une maison familiale trop stricte, ou celles qui doivent subvenir aux besoins d’un enfant. Les conditions de vie précaires, le chômage des jeunes, la pression sociale sur l’apparence et le train de vie, tout cela pousse certaines vers cette forme de commerce du corps. Pour certaines, c’est une activité temporaire ou juste un fantasme. Pour d’autres, un métier assumé.
Certaines se lancent après avoir vu une amie gagner facilement de l’argent en utilisant internet. L’effet de bouche à oreille numérique joue un rôle déterminant. Plusieurs jeunes filles témoignent avoir été initiées par des amies ou parfois… par leur compagnon.
Il se dit également que plusieurs jeunes hommes créent des profils pour leurs copines, organisent les rendez-vous, négocient les conditions et perçoivent une commission. Ils se présentent parfois comme simples partenaires, mais jouent un rôle actif dans l’organisation de cette activité. Il n’est pas rare que ce soit un garçon qui initie la jeune fille au système. Dans certains couples, la prostitution est tolérée, voire encouragée, comme une forme de business. Au-delà, ce sont des hommes qui commandent des filles en ligne pour un séjour ou une nuit. Un bon plan pour frapper un coup à chaque envie puisque les femmes sont devenues des colis en mondovision.
Des filles en couple, mais sur les plateformes 💔💑
C’est un point que certains internautes dénoncent depuis des jours : certaines femmes actives sur ces plateformes sont en couple. Elles mènent pour certaines une double vie, entre tendresse réelle et services tarifés. Cette situation interroge sur la frontière entre amour et survie économique.
Certaines clientes expliquent qu’elles n’ont pas le choix. D’autres assument et disent le faire pour maintenir un certain niveau de vie sur les réseaux sociaux. L’inscription sur ces plateformes devient une alternative à l’oisiveté, à la pauvreté, ou simplement à la dépendance affective et financière.
Une activité discrète mais bien rodée 🤫
Ce marché parallèle se structure avec méthode. Des messages automatiques sont envoyés aux clients, les tarifs sont affichés clairement. Certaines proposent des déplacements, d’autres préfèrent recevoir dans des lieux bien choisis. L’argent se négocie, mais les conditions sont imposées par celles qui savent gérer la demande.
Plusieurs filles sous anonymat affirment ne pas se sentir en danger, car elles sélectionnent leurs clients, et annulent dès qu’un détail semble louche. D’autres, en revanche, témoignent de situations à risque ou de clients irrespectueux. Là encore, certaines sans limites sont épaulées par des personnes qui jouent les rôles de protecteurs, de gestionnaires ou de simples partenaires intéressés.
Ce qu’en disent les Camerounais 🗣️
Interrogés sur la présence croissante de jeunes filles sur les plateformes de prostitution en ligne, plusieurs Camerounais s’interrogent. Les avis de ces personnes rencontrées dans les rues de Yaoundé sont partagés et le problème est réel.
Bruno, estime que « la pauvreté explique beaucoup de choses. Ce sont des filles qui veulent de l’argent rapidement. Et puis aujourd’hui, avec la vie chère, même celles qui travaillent n’arrivent pas à joindre les deux bouts. »
Ce point de vue, largement partagé, met en avant les difficultés économiques comme principal moteur de cette pratique. Mais d’autres, comme Mireille, soulignent aussi l’influence des normes sociales et des réseaux.
Pour Mireille, le problème est aussi culturel : « Beaucoup de filles veulent vivre comme les influenceuses qu’elles voient sur Instagram. Elles veulent s’habiller bien, voyager, avoir des téléphones chers. Comme elles ne peuvent pas se le permettre avec leur salaire ou l’argent des parents, elles se tournent vers ça. Il y a aussi la pression sociale. Si tu ne montres pas sur les réseaux que tu manges bien, que tu es “posée”, les gens te traitent de villageoise. Certaines vont vendre leur corps juste pour sauver les apparences »
Enfin, certains appellent à une lecture plus nuancée, en soulignant la responsabilité partagée dans ce phénomène.
Aristide, appelle à une vision plus équilibrée : « Il ne faut pas toujours accuser les filles. Il y a des garçons qui les poussent à ça. Ce sont eux qui commandent les filles. Mais la société ne pardonne pas aux femmes parce qu’elles sont les plus exposées. Sur les réseaux nous lisons des commentaires du genre “Vos copines, vos femmes sont sur XXXXXX”… ».
Quelle responsabilité pour les plateformes numériques ? 💻
Même si les services évoqués sont proposés à travers des outils numériques, la question de la responsabilité des plateformes reste sensible. Rien ne permet d’affirmer de manière certaine qu’il n’existe aucun mécanisme d’encadrement, de modération ou de signalement actif. Toutefois, dans les faits, les contenus sexuellement explicites sont largement accessibles, sans contrôle apparent.
Certaines plateformes affirment ne pas être responsables du contenu publié par leurs utilisateurs. Cela pose question, notamment lorsqu’il s’agit de profils proposant des prestations sexuelles, parfois de façon très explicite. Ce flou dans les responsabilités interroge sur la vigilance éthique et technique de ces services en ligne.
Un vide juridique inquiétant au Cameroun ⚖️
À ce jour, aucune loi spécifique ne régule la prostitution numérique ou les plateformes en ligne qui facilitent ce type d’activité au Cameroun. Le cadre juridique en vigueur reste très flou, ce qui empêche une intervention efficace des autorités ou une protection adaptée des personnes concernées. L’absence de réglementation sur ce terrain rend les pratiques encore plus risquées et invisibles, tant pour les personnes exposées que pour les utilisateurs.
Une banalisation inquiétante 🧯
Si le sujet choque encore une partie de l’opinion, la pratique elle, tend à se banaliser. Des groupes WhatsApp, des pages Telegram, et des comptes anonymes diffusent régulièrement les liens vers ces plateformes. es captures d’écran tournent sur les réseaux, alimentant voyeurisme et débats. Et dans la rue, les discussions autour de ces sites ne sont plus aussi taboues.
Un système alimenté aussi par la demande masculine 📲
Mais si les jeunes femmes sont au centre de l’attention, un pan essentiel reste souvent ignoré : le rôle actif joué par les hommes dans cet écosystème numérique. Car derrière chaque profil consulté, chaque “commande” effectuée ou chaque prestation rémunérée, il y a des hommes qui alimentent la demande.
Certains clients réguliers entretiennent ce marché, tandis que d’autres – compagnons ou proches – encouragent parfois les jeunes filles à s’y inscrire, les aident à créer leur profil ou négocient les rendez-vous à leur place. Cette participation masculine, bien que moins visible, est structurante. Elle soulève des questions importantes sur les dynamiques de pouvoir, les inégalités de genre et la co-responsabilité dans la banalisation du “piment numérique”.
Le paradoxe est frappant : beaucoup dénoncent, mais consultent. Certains garçons commandent, d’autres organisent. Et les femmes, elles, composent avec un système qui les attire autant qu’il les enferme et le regard sur elles reste dur. Le Cameroun est devenu “e-Sexland” d’Afrique centrale.
À vos avis !!!
Et vous, que pensez-vous de cette explosion de la prostitution numérique au Cameroun ? Le débat est ouvert 🥲
📱 Retrouvez notre actu chaque jour sur WhatsApp, directement dans l’onglet “Actus” en vous abonnant à notre chaîne en cliquant ici ➡️ Lien chaîne WhatsApp TechGriot 😉
📝 Note de la rédaction : Par souci de responsabilité, nous avons choisi de ne pas faire la publicité explicite des plateformes mentionnées dans cet article.
Merci il faut vraiment dire la vérité. Beaucoup de ces filles ne veulent pas souffrir. Elles veulent juste l’argent facile. Quand tu parles avec elles, elles te disent qu’un boulot à 50.000 c’est une perte de temps. Elles préfèrent se faire les 50 000 en une nuit. C’est leur mentalité qui est déjà pourrie. Même avec un bon travail, elles continueront. Bref quand le cerveau ne réfléchit pas le corps souffre tellement
Merci pour ce bel article. Ce phénomène est une visage d’un effondrement progressif de la société camerounaise. Le sexe est devenu une monnaie. On évolue plus par les diplômes, mais par les formes physiques. Même certaines filles qui ont un travail basculent dans cette activité parce qu’elles veulent tout plus vite. Les jeunes ne de maintenant ne connaissent plus la patience.
Moi je blâme les parents. Trop de laxisme. On laisse les filles grandir sans éducation morale, sans limites. Trop tôt on leur donne les téléphones Résultat, elles cherchent l’attention, les cadeaux, les voyages. Quand elles voient les autres s’en sortir, elles croient que c’est la norme. Tsuips
Le Cameroun est devenu un pays où on juge les gens selon ce qu’ils montrent sur les réseaux. Une pauvre fille qui vit simplement, personne ne la regarde. Mais si elle commence à poster des photos d’hôtels, des plats chers, tout le monde l’admire. Donc elles font tout pour se faire remarquer au point de vendre leur corps. Mais ce dont on ne parle pas vraiment c’est la compagnie, ces filles ou garçons qui disent je connais un truc qui peut vite nous rapporter du fric. Encore c’est toucher l’argent tous les jours 😹🙌🏾
Magnifique travail Mme Kananyet