
Désinformation en ligne : Quand le clic fabrique l’opinion au Cameroun 📲🇨🇲
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Il suffit d’un clic, d’un statut WhatsApp ou d’un post Facebook bien tourné pour que des milliers de Camerounais reçoivent une information… sans jamais vérifier si elle est vraie. Dans ce pays où l’accès à Internet s’est démocratisé ces dix dernières années, les réseaux sociaux ne sont plus seulement des espaces de divertissement. Ils sont aussi devenus des champs de bataille pour l’opinion publique. Entre faux comptes, contenus polarisants et rumeurs virales, la désinformation fragilise le débat démocratique et nourrit une méfiance grandissante.
Les faux comptes, armes invisibles de manipulation 👤
Sur Facebook, il n’est pas rare de croiser des profils aux noms douteux, souvent sans photo réelle, mais très actifs dans les débats politiques. Ces faux comptes, parfois gérés depuis l’étranger, diffusent des contenus provocateurs et polarisants. Leur stratégie est simple : publier des informations chocs, souvent invérifiables, pour diviser l’opinion.
« Beaucoup de ces comptes se créent en période électorale, et on observe des vagues coordonnées de publications pour orienter la perception des citoyens. Des publications y fusent à tout moment pour distraire l’opinion publique », explique Aye Money, expert en cybersécurité.
Sur WhatsApp ou Telegram, la manipulation est encore plus insidieuse. Les messages se propagent de groupe en groupe, difficiles à tracer. Une fois partagée, même une rumeur infondée se transforme en “vérité” pour certains, qui la relaient sans hésitation.
Le contenu polarisant, un carburant pour les divisions ⚡
Les publications mensongères jouent souvent aussi sur les émotions : colère, peur, indignation. En exploitant des fractures sociales déjà existantes telles que les ethnies, la politique ou la religion, elles amplifient les tensions.
Un exemple marquant est celui de vidéos compromettantes attribuées à une personnalité religieuse. Partagées des milliers de fois en quelques heures, elles ont profondément marqué l’opinion, malgré les démentis ultérieurs de la cellule de communication de la paroisse concernée.
« Sur Internet, la première impression est souvent la seule qui compte. Même si une information est corrigée plus tard, elle reste gravée dans les esprits. Nous le vivons actuellement avec Monseigneur même si la véracité de cette vidéo reste à prouver », confie Mireille, étudiante.
L’impact sur la démocratie camerounaise 🗳️
Dans une société où la confiance envers les institutions est déjà fragile, la désinformation amplifie la défiance. Elle pousse les citoyens à se radicaliser dans leurs positions et empêche un débat apaisé. Chacun y va de son ressenti et de ses émotions.
« Avant, on se disputait dans les quartiers autour des journaux ou des radios. Aujourd’hui, ce sont les captures d’écran et les vidéos virales qui décident de nos conversations. Mais souvent sans le savoir c’est du faux. Il faut prendre suffisamment de recul avant de commenter ou de partager », regrette François, fonctionnaire.
Cette situation affaiblit les mécanismes démocratiques. Quand les citoyens se mobilisent sur la base de rumeurs, les processus peuvent être biaisés. On se retrouve ainsi face à des situations conflictuelles et haineuses autour de sujets qui pourraient pourtant faire consensus.
Avis croisés de la population 🗣️
Face à ce phénomène, les citoyens ont des expériences diverses.
Aline, commerçante, témoigne :
« J’ai déjà partagé un message sur WhatsApp en pensant aider, mais après j’ai appris que c’était faux. J’avais honte. Maintenant je vérifie, mais ce n’est pas toujours facile. ».
De son côté, Benoît, blogueur, pointe la responsabilité de certains acteurs :
« Les fake news ne sont pas seulement un problème des internautes. Parfois, elles arrangent certains acteurs qui les laissent circuler volontairement. Le but est de manipuler et de créer la tension entre les personnes qui tombent dans le jeu ».
Enfin, Carine, journaliste, souligne la difficulté pour les professionnels de l’information :
« Les réseaux sociaux sont devenus notre premier terrain de travail, mais aussi le plus piégé. On passe plus de temps à démentir qu’à informer. C’est épuisant de devoir le faire au quotidien parce que les fausses nouvelles circulent à tout moment ».
Un défi urgent pour demain 🚨
La désinformation en ligne n’est pas seulement un problème virtuel. Elle façonne les conversations dans les quartiers, influence les décisions sur le terrain et alimente les rancunes dans les familles. Elle fragilise aussi les liens de confiance, qui sont en réalité le ciment de toute démocratie.
Si rien n’est fait, demain, ce ne seront plus les faits qui guideront le Cameroun, mais les illusions. Et une nation qui ne sait plus distinguer la vérité du mensonge marche à tâtons, prête à trébucher sur sa propre crédulité.
Car au fond, une démocratie ne peut survivre sans vérité partagée. Or, si la vérité elle-même devient relative, le risque est grand de voir le Cameroun s’enliser dans une ère où l’opinion est dictée non par les faits, mais par les rumeurs.
À vos avis!!!
Pensez-vous que les Camerounais prennent assez de recul avant de partager une information en ligne ?
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