Perte d’identité: Nos Réseaux Sociaux s’uniformisent de plus en plus 📱🎭
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Dans l’univers impitoyable de la Silicon Valley, les nouveautés laissent souvent une impression de déjà-vu. Il devient parfois difficile d’attribuer, de mémoire, la paternité (ou si vous voulez la maternité 😅) d’une option à un réseau social en particulier, tant les signes d’uniformisation sont nombreux et fréquents.
Si, d’un point de vue légal, ces appropriations techniques ne tombent que très rarement sous le coup de la loi, cette saturation des applications aux fonctionnalités similaires empiètent sur leur identité.
Réseau Social : veuillez vous présenter ! 👨🏾✈️😅
Alors un réseau social peut se définir comme étant un ensemble d’individus ou d’organisations, reliés entre eux par des interactions sociales. D’une manière générale, un réseau social se présente sous la forme d’une interface dynamique sur laquelle les inscrits entre en lien (virtuel) avec des « amis » ou « contacts ».
Les réseaux sociaux occupent une grande place dans nos vies. Même ceux qui y étaient plus réticents, il y a quelques années, ont trouvé une plateforme qui leur convient (Facebook, WhatsApp, Instagram, Twitter, Slack, Twitch, Telegram, Messenger, Snapchat, …)
Outre les codes établis qui concernent les stratégies concurrentielles et la bataille de l’attention des utilisateurs, il existe des impacts plus plausibles.
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L’impact des réseaux sociaux :
Les RS sont le moyen le plus commun de garder le contact mais comporte néanmoins des avantages et des inconvénients qu’il est bon de connaître que l’on soit technophile ou pas.
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Les avantages des réseaux sociaux
Les réseaux sociaux comportent des avantages comme :
- Communiquer avec sa famille, ses amis, des personnes qui habitent à distance,
- Se divertir, jouer, s’informer,
- Se rapprocher de ceux qu’on aime et retrouver des relations perdues,
- Partager, dénoncer et faire évoluer notre monde,
- Briser la solitude.
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Les Inconvénients :
Mais s’ils apportent de nombreux avantages, les réseaux sociaux, comme Internet, sont capables du meilleur comme du pire.
- Intimidation et harcèlement
- Pédophilie et pornographie juvénile
- Cybercriminalité
- Désinformation (Fake news)
- Baisse d’estime de soi
- Problème de santé mentale chez les adolescents
- Isolement et radicalisation
- Dépendance
Cet article est assez important dans le sens où nous évoluons dans un monde hyper-connecté et dans un esprit ultra-concurrentiel, nous nous apercevons que les raisons qui nous ont poussés à adopter les réseaux sociaux se retrouvent diluées dans un melting pot de similarités.
Nos réseaux sociaux préférés: tous les mêmes ? 👯
Il y a quelques jours, LinkedIn a annoncé le lancement d’un nouvel onglet, Discover. Il permet de découvrir des contenus suggérés, publiés par des personnes que vous ne suivez pas. Comme si les posts inspirants de nos contacts ne suffisaient pas. Le réseau social professionnel a repris le nom du flux de Google, l’icône de YouTube Explorer, les principes de TikTok, et a placé tous ces contenus dans un onglet, comme sur Facebook – à une différence près : il ne s’agit pas encore du flux par défaut. LinkedIn est ainsi devenu le dernier réseau social en date à se jeter corps et âme dans les abysses de la Recommandation.
Les plateformes avaient tout misé sur les relations connues et déclarées entre leurs utilisateurs : elles s’en détournent désormais, impressionnées par les miracles de l’algorithme de TikTok.
Toutefois, Snapchat, en son temps, avait été un précurseur. L’application avait su attirer grâce à ses messages éphémères et ses stories. Depuis lors, Instagram l’a rapidement copié, avec succès. Snapchat ne pouvait plus compter sur l’originalité de ses formats pour retenir ses utilisateurs, qui ont migré petit à petit vers d’autres applications. Quelle évidence !
Après la réussite, un soupçon d’échec ? 🚮
Toutes les plateformes se sont alors lancées dans la course à celle qui reproduira la première, la dernière fonctionnalité qui fait parler. Les stories ont débarqué un peu partout, et déjà, des signes de fatigue ont fait leur apparition. Twitter et LinkedIn ont rapidement fait machine arrière. Ce constat d’échec n’a pas refroidi Microsoft, qui après tout monde, a décidé d’en ajouter sur Teams et Outlook.
Autre exemple récent, autre échec cuisant : Instagram, évidemment. L’application, qui avait réussi en copiant Snapchat, pensait réussir à nouveau en reprenant les ingrédients de TikTok. Mais cette fois, Instagram s’est planté: la fronde de quelques influenceurs, partagée par de nombreux utilisateurs, aura eu raison de cette obsession (Lire notre article sur le sujet).
Ce n’est que temporaire mais les Reels et les recommandations sont les deux éléments sur lesquels Adam Mosseri compte bien s’appuyer pour poursuivre le développement d’Instagram, sur les platebandes de TikTok.
Les plateformes ont dilué leurs singularités
À l’instar des plateformes e-commerce, qui développent des Marketplaces pour proposer l’ensemble de l’offre de produits, les réseaux sociaux se copient pour proposer l’ensemble des formats et des fonctionnalités. Si cela a parfois marché, force est de constater que les réussites sont aujourd’hui beaucoup plus limitées. La faute, notamment, à un désintéressement de l’expérience de leurs utilisateurs. Car à force de se copier, les plateformes n’ont plus vraiment d’identité :
- Whatsapp est intrinsèquement lié au développement de nouveaux usages de communication avec un besoin de pouvoir être en contact depuis n’importe où, n’importe quand avec ses proches, plus rapide que le mail, moins intrusif qu’un appel, l’application de messagerie est aujourd’hui incontournable sur la plus grande partie de la planète.
- Instagram a d’abord bâti son succès sur une promesse forte et singulière, celle de partager des photos avec ses amis et d’y accéder facilement en retour. C’était simple. C’était pour cette raison qu’on lançait Instagram, uu’on y retournait.
- Twitter, c’était la certitude d’accéder à des messages courts. La plateforme est passée de 140 à 280 caractères, et développe désormais des Notes de 2 500 mots.
- LinkedIn permettait de trouver du contenu professionnel, avant de se perdre dans les stories, les recommandations et les posts qui n’inspirent plus grand monde.
- Snapchat avec la messagerie éphémère et les filtres
- Slack comme application de messagerie dédiée au travail en collaboration. Cet outil de communication permet aux employés d’une même entreprise d’échanger des messages, des fichiers et des projets.
- Telegram avec un service de messagerie ultra-sécurisée dont toutes les données sont stockées sur le cloud dans des serveurs éparpillés aux quatre coins du globe.
- Messenger qui propose plus de fonctionnalités qu’un simple message. Car il est possible d’envoyer des photos, des vidéos, de créer des groupes de discussions et de passer des appels gratuitement et dont le succès est aussi dû au fait que Facebook n’a pas laissé le choix à ses utilisateurs en les obligeant à installer cette application s’ils voulaient continuer à discuter avec leurs amis.
- Twitch dont le succès s’appuie sur une implantation importante et très bien travaillée dans le milieu du streaming de jeux vidéo.
Les plateformes refusent de laisser à leurs concurrents l’exclusivité d’une fonction ou d’un format. Et l’innovation est plus coûteuse à moyen terme, et plus risquée, que la copie conforme des autres fonctionnalités.
À quoi bon concevoir quand on sait qu’on sera copié ? À quoi bon concevoir quand on sait qu’on pourra copier ?
Elles ont été battues sur le terrain technologique
Seulement à long terme, privilégier la copie aux innovations engendre des difficultés. Si les utilisateurs ont demandé à Instagram de redevenir ce qu’Instagram était auparavant, c’est parce que l’application avait perdu de vue d’où elle venait. Elle avait oublié ce qui avait forgé son identité. Pourquoi les utilisateurs l’aimaient, l’utilisaient. Instagram a troqué l’expérience des utilisateurs et leur appréciation de la marque au profit de l’espoir de voir certains indicateurs quantitatifs augmenter. Et dans le cas présent, cela n’aura même pas fonctionné.
C’est aussi l’une des leçons à tirer de ces échecs récents : on a beau s’appeler Facebook, Instagram, YouTube, on n’est pas à l’abri de l’arrivée d’acteurs plus agiles, en mesure de développer très vite des algorithmes bien plus efficaces. Le flux For You de TikTok est impressionnant, tandis qu’Instagram expérimente encore avec ses posts suggérés. Meta a pourtant toutes les cartes en main, en tous cas toutes nos données, pour mettre en place des algorithmes optimisés…
Et plus récemment, la tendance du Premium afin de monétiser et proposer des abonnements afin d’accroître le nombre d’abonnés et surfer sur la base de l’exclusivité.
Les plateformes devraient à nouveau assumer leurs différences
Pour dresser des barrières à l’entrée, les copies n’attirent plus. Elles ne permettent pas non plus de retenir ses utilisateurs.
En effet, les plateformes devraient retrouver le goût d’innover. Celui de la singularité, de la nouveauté, de la différence assumée face aux autres acteurs du marché. En gardant en tête ce qu’elles sont. En acceptant ce qu’elles ne sont pas. C’est ainsi qu’elles entretiendront le lien unique qui les unit à leurs utilisateurs, et qu’elles pourront faire face à l’offre grandissante d’applications, cherchant à tout prix à capter notre si précieux temps d’attention.
Copier serait-il afficher ses faiblesses et limites dans la sphère technologique ?
Sources : Les Echos, Slate, Je Décide, Les Gens d’Internet